Port-au-Prince, le 19 Décembre 2012
L’année 2012 touche à sa fin. Cette année a été particulièrement difficile pour le peuple Haïtien à bien des égards. La situation générale du pays continue de se détériorer lamentablement. Tous les indicateurs sont au rouge et rien ne permet d’espérer dans l’immédiat une amélioration substantielle des conditions de vie de la population. L’année 2012 a été difficile pour le pays sur quasiment tous les plans : social, économique et politique.
La Conférence des Pasteurs Haïtiens constate avec peine la paupérisation des classes moyennes se poursuit à un rythme vertigineux et que les masses défavorisées continuent de végéter dans la crasse alors que la misère et le choléra conjuguent leurs efforts pour anéantir une population majoritairement appauvrie. La situation est si grave qu’à plusieurs reprises, les populations de diverses régions du pays ont dû manifester pour dénoncer la faim et la gestion catastrophique de l’état. A l’occasion des fêtes de fin d’année et du nouvel an, la Conférence des Pasteurs haïtiens (COPAH) veut attirer l’attention des autorités en place sur la situation d’extrême misère de la majorité des haïtiens qui, aujourd’hui se trouvent aux abois face à la dégradation accélérée de leurs conditions matérielles d’existence. Ils n’ont pas le cœur à la fête ; ils ne peuvent pas fêter et n’en n’ont pas les moyens. Les haïtiens sont plutôt préoccupés par l’aggravation de la crise environnementale, énergétique, l’impunité érigée en système, la corruption et l’insécurité toujours non maitrisée…
Le kidnapping et le trafic illicite de la drogue deviennent aujourd’hui deux industries très prospères alors que les structures étatiques chargées de combattre le crime organisé semblent être dépassées par la situation. Les criminels disposent de gros moyens financiers, des armes et dans certains cas, de la protection auprès de certaines autorités politiques. «La justice élève une nation, mais le péché est la honte des peuples. » (Proverbes 14 :34)
En matière de santé, la population n’a toujours pas accès aux soins de santé primaire. Le choléra qui, selon plusieurs études conduites par des experts internationaux, a été introduit en Haïti par la MINUSTAH continue de faire des victimes parmi les couches les plus défavorisées de la population. Les efforts entrepris par les organismes compétents ne permettent toujours pas d’enrayer ce fléau qui a déjà tué plus de huit mille (8.000) personnes. Un bilan officiel qui, sans doute, cache la réalité.
Sur le plan économique, la situation est tout aussi préoccupante. Très peu d’investissements ont été faits dans le pays. La croissance économique n’est pas au rendez-vous. Le chômage continue d’affecter la majorité de la population active. Parallèlement, la corruption, véritable frein au développement durable et à la croissance économique gangrène l’administration publique. Des scandales de corruption de nature diverse ont éclaboussé de hautes autorités de l’Etat. Aucune enquête sérieuse n’a été diligentée pour élucider les cas de corruption dénoncés soit par des parlementaires et d’autres dignitaires de l’Etat.
En dépit des campagnes de propagande entreprises par le pouvoir en place sur l’investissement, il est navrant de constater que les investisseurs se montrent toujours hésitants. Cependant, il est compréhensible. On ne peut espérer grand-chose en matière d’investissements dans un pays occupé où les citoyens et surtout les dirigeants ne se montrent pas à la hauteur de leurs responsabilités. Un pays occupé est un Etat qui a failli à ses responsabilités.
Sur le plan politique, la situation n’est pas rassurante. Les élections législatives partielles, municipales et des collectivités qui devraient se tenir en novembre 2011, n’ont toujours pas eu lieu. La formation du Conseil Electoral devant organiser ces joutes est toujours dans l’impasse. Jusqu’ici, rien n’indique que les élections auront lieu dans les prochains trois (3) mois. Pourtant, amputé d’un tiers (1/3) de ses membres, le Sénat de la république est quasiment dysfonctionnel au point qu’aucune séance en assemblée ne peut s’y tenir. Personne ne sait de quoi demain sera fait. C’est l’incertitude totale.
La Conférence des pasteurs Haïtiens estime que l’heure n’est plus aux beaux discours ni à l’expression de simples velléités, mais aux actes qui tiennent compte des intérêts majeur du pays et des revendications fondamentales des haïtiens. Le moment est venu pour que les décideurs se penchent enfin sérieusement sur le sort des marginaux, ceux qui n’ont pas accès à l’éducation, aux soins de santé et aux services de base. Il est temps que les autorités cessent de se payer de mots et de slogans pour commencer à satisfaire les revendications du peuple haïtien.
Il est clair que dans le contexte actuel, les haïtiens ne peuvent et ne vont pas fêter. Cependant, la Conférence des Pasteurs Haïtiens ne peut s’empêcher de penser à ceux qui crèvent de faim, ceux dont les droits fondamentaux sont violés et ceux qui ne pourront pas organiser de réveillon et manger de la soupe du premier Janvier, contrairement à la tradition. La Conférence des pasteurs invite les frères et sœurs Haïtiens à garder l’espoir et à ne pas se décourager, car le jour de la délivrance est proche. Ils doivent se souvenir que Dieu a entendu leurs cris de détresse et de douleur. «Quand le malheureux crie l’Eternel entend et Il le délivre de toutes ses détresses, » (Psaume 34 :7)
Aussi, veut-elle inviter ceux qui ont de quoi manger à la réflexion, au partage et à la solidarité agissante avec les démunis, à l’occasion des fêtes de fin d’année. C’est le moment plus que jamais où tout un chacun devrait signifier son amour envers son prochain. «Il y a plus de bénédiction à donner qu’à recevoir, dit la bible. Que Dieu dans son amour incommensurable fasse luire sur Haïti et son peuple sa lumière de bienveillance pour que la nouvelle année marque un nouveau départ pour ce pays qui a trop souffert !
Rév. Abraham Loreston
Président
Rév. Ernst Pierre Vincent
Secrétaire exécutif