La parution, le 17 janvier dernier, dans la revue Forbes des richesses accumulées par les plus fameux pasteurs brésiliens des diverses communautés évangéliques du Brésil est au centre de tous les commentaires dans ce pays. En rappelant que « la religion a toujours été une bonne affaire », l’hebdomadaire américain souligne que, dans le pays qui compte pourtant toujours le plus grand nombre de catholiques au monde, les évangéliques excellent dans l’art de traduire en espèces sonnantes et trébuchantes le formidable essor de ces mouvements.
A la tête d’une fortune de 2 milliards de réais (725 millions d’euros), Edir Macedo, fondateur et leader de l’Eglise Universelle du Règne de Dieu, est le pasteur évangélique le plus riche du Brésil. Outre les donateurs et les fidèles, cette fortune a été amassée grâce à la vente de 10 millions de livres, tous extrêmement critiques à l’égard des catholiques et des religions afro-brésiliennes, dans un pays où la tolérance religieuse est pourtant inscrite dans la Constitution.
Le plus gros coup financier d’Edir Macedo, propriétaire entre autre d’un jet privé évalué à 32 millions d’euros, reste néanmoins à ce jour l’acquisition, dans les années 1980, de Record, la deuxième plus importante chaîne de télévision du pays. Une présence dans les médias renforcée, durant la décennie suivante, par le lancement de l’hebdomadaire « Folha Universal », tiré à 2,5 millions d’exemplaires, et de la maison d’édition musicale « Record news ».
Pasteurs « dissidents » et fortunés
Ex-membre de l’Eglise Universelle du Règne de Dieu, Valdemiro Santiago possèderait pour sa part un trésor de guerre évalué à près de 147 millions d’euros. Suite à un différent avec Edir Macedo, le pasteur a fondé en mars 1998 l’Eglise Mondiale du Pouvoir de Dieu, qui revendique aujourd’hui quelques 900.000 fidèles et plus de 4.000 temples ornés d’immenses portraits de son fondateur.
Avec un magot estimé à 110 millions d’euros, Silas Malafaia, fondateur et dirigeant de l’Assemblée de Dieu est incontestablement le plus polémique, notamment pour ses prises de positions radicales à l’égard des communautés homosexuelles. Des positions qu’il défend en particulier via son compte twitter pour lequel il revendique 440.000 abonnés.
Déjà chanteur, compositeur et télévangéliste, Romildo Ribeiro Soares, connu comme R. R. Soares, est quant à lui le plus médiatique de tous les pasteurs évangéliques brésiliens. Toujours beau-frère d’Edir Macedo, il a cependant quitté l’Eglise pour fonder, en 1980, l’Eglise Internationale de la Grâce de Dieu. R.R. Soares est en effet l’un des visages les plus familiers du petit écran. Une visibilité qui paie puisque, celui qui s’est auto intitulé « missionnaire » possède, selon Forbes, une fortune personnelle de plus de 91 millions d’euros.
Vocations et formations intensives
La réussite financière de ces pasteurs – la liste est loin d’être exhaustive – suscite des … vocations. Devenir pasteur constitue d’ailleurs le rêve de nombreux Brésiliens. Un rêve accessible au plus grand nombre, car, au contraire de la plupart des églises protestantes qui requierent de leurs pasteurs un niveau d’études correct, les communautés néo pentecôtistes proposent des cours intensifs et en quelques jours seulement pour « former » des pasteurs pour un coût inférieur à 266 euros.
Un marché prometteur
Un investissement pouvant se révéler lucratif au regard du potentiel du Brésil. D’après l’Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques (IBGE) les évangéliques représentent 22% de la population (soit plus de 42 millions). Et le marché est porteur puisque, chaque année, entre 2000 et 2010, ces églises évangéliques, dont la spiritualité s’appuie sur la « théologie de la prospérité » – qui enseigne qu’en plus du salut, le Christ promet et assure à ceux qui mettent en œuvre leur foi, la richesse matérielle, la santé et le succès,- ont accueilli plus de 1 millions de nouveaux fidèles.
Jean-Claude Gerez/Apic
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