Il a souvent été reproché aux religions d’avoir des positions dures vis-à-vis de certaines problématiques affectant la femme dans le monde. Il semble que de plus en plus, les femmes pasteurs des églises protestantes, pentecôtistes et évangéliques deviennent le porte-voix des femmes. Il en va de même des femmes de pasteurs.
Les problèmes des femmes sont abordés par des femmes à la tête de nombreuses églises. L’idée que Dieu considère la femme comme étant l’égale de l’homme a fait son chemin dans la tête des décideurs des églises de plusieurs pays d’Afrique francophone où de nombreuses femmes assument des fonctions de pasteurs alors qu’une bonne partie d’entre elles font de même en tant qu’épouses de pasteurs.
C’est le cas de Fara Andrianarivo, femme pasteur de l’église évangélique Shine à Madagascar, fondée par son mari, qui est aussi pasteur, à savoir Patrick Andrianarivo. L’église Shine, située à Antananarivo, est toujours bondée. Située dans un complexe qui abritait autrefois un cinéma, le pasteur Patrick et sa femme Fara accueillent avec joie les milliers de fidèles venus les écouter.
Fara s’occupe spécialement d’une réunion avec les jeunes et ces derniers sont ravis d’avoir une femme comme pasteur. « Je ne pense pas que spirituellement cela fasse une différence d’avoir un homme au lieu d’une femme dans un lieu de culte. Mais cela prouve que Dieu est là pour les hommes comme pour les femmes et que diriger un office spirituel est à la portée d’une femme », explique une fidèle de l’église Shine.
En République Démocratique du Congo où Gender Links rapporte souvent des cas de violences, de discrimination et de pauvreté des femmes, plusieurs d’entre elles ont choisi de mener le combat pour une vie meilleure à travers un ministère évangélique et pastoral. C’est le cas de Liz Vibila Vuadi qui voulait au départ être journaliste mais qui a choisi d’écouter l’appel de Dieu et de devenir pasteur.
Presbytérienne, professeur de dogmes à Kinshasa, capitale de la RDC, Liz Vuadi Vibila défend une théologie féministe dans un contexte africain. C’est le cas également de Marthe Mwilu qui est pasteur et responsable de l’église «Jésus Sauve», une église de réveil spirituel, située dans la commune de Limete à Kinshasa. Mariée et mère de quatre enfants, elle a dû batailler pour devenir pasteur. Ce fut presque un parcours du combattant.
Etre femme pasteur en RDC ne réjouit pas beaucoup de monde,» explique-t-elle. « Evoluant dans une société où l’on ne tolère pas l’ascendance de la femme sur l’homme pour plusieurs raisons, la femme responsable d’une église que j’aspirais à devenir a été accusée de tous les péchés d’Israël. J’ai fait l’objet de menaces graves de la part de ma belle-famille qui trouvait en ce nouveau statut une voie pour dominer mon mari, de prendre l’ascendant sur lui. Mes propres parents et certains de mes frères n’ont jamais reconnu ma vocation et continuent à s’opposer à mes actions jusqu’à jurer de ne jamais mettre leurs pieds dans l’église Jésus Sauve. Ma belle-famille réagit plus vigoureusement et me qualifie de disciple de l’anti-Christ et du Diable!».
Les femmes ont su faire leur chemin à d’autres niveaux dans les églises chrétiennes, presbytériennes, pentecôtistes, baptistes entre autres. Elles y agissent comme responsables des enfants, de la jeunesse ou même des cellules de prières et de rencontres pour les femmes partageant la même foi.
A Maurice, les femmes de pasteurs sont souvent invitées à prêcher dans les lieux de cultes. A « La Voix de la Délivrance», qui compte plus de 85 églises dans l’île, il y a une femme pasteur à l’église de Cité la Cure, banlieue de la capitale Port-Louis, et la responsable des réunions de femmes est aussi une femme.
Un peu plus loin à Sainte Croix, toujours dans la banlieue port-louisienne, le responsable de l’église évangélique est une femme, à savoir Sœur Vinoda.
La montée en puissance des femmes dans les instances de prise de décisions des églises a un côté bénéfique. En chaire, elles peuvent faire réfléchir les fidèles sur un meilleur traitement envers les femmes et ainsi faire avancer la cause de l’égalité du genre, soutenue par le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement.
Leevy Frivet est journaliste à Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.