Résumés
Il est aujourd’hui largement admis que le changement climatique aura des conséquences considérables et posera des problèmes de sécurité et de développement d’une ampleur inédite, en particulier pour l’Afrique où la majorité de la population dépend de l’environnement pour sa subsistance. Forme de migration saisonnière, le pastoralisme au Soudan est à la fois motivé et affecté par le changement et la variabilité climatiques. Cependant, certains chercheurs ont suggéré que le pastoralisme offrait des possibilités d’adaptation intéressantes dans les zones à forte variabilité climatique, et serait peut-être plus résilient que d’autres systèmes de subsistance où la mobilité est limitée ou inexistante. En s’appuyant sur les fondements théoriques des rapports entre migration, changement climatique et conflit, cet article examine les conflits entre éleveurs et agriculteurs de l’État du Sud Kordofan, au Soudan, dans un contexte de raréfaction des ressources. Tout d’abord, nous soutenons que la rareté structurelle des ressources résulte de l’établissement d’une législation sur la terre et de l’introduction de l’agriculture mécanisée qui alimentent les conflits. Nous arguons ensuite que les politiques gouvernementales ont sapé une institution (l’administration traditionnelle autochtone), qui avait pourtant démontré sa capacité non seulement à gérer les ressources et les pénuries, mais aussi à atténuer les conflits liés à la concurrence pour l’accès aux ressources rares. Il s’agit là, selon nous, des principaux facteurs explicatifs des conflits relatifs à l’agriculture pastorale dans le Kordofan méridional, et donc des obstacles déterminants à la promotion du pastoralisme comme forme d’adaptation au changement climatique dans ce pays.
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Plan
Changement climatique, migrations et conflits : le rôle de la rareté des ressources
Conflits entre pasteurs et agriculteurs dans le sud du Kordofan et rareté des ressources
Contexte socio-économique et environnemental
L’histoire politique et le contexte
Typologie des conflits pasteurs-agriculteurs
Quelle est la cause de la rareté des ressources ?
Terre, politique agricole mécanisée et législation
La gestion traditionnelle de l’environnement et des conflits
Implications pour le pastoralisme dans le Kordofan Sud, et pour le pastoralisme comme forme d’adaptation au changement climatique
Aperçu du début du texte
Il y a des preuves solides montrant que le pastoralisme en Afrique a émergé il y a sept mille ans et qu’il s’est progressivement étendu dans le nord de l’Afrique comme une réponse pour faire face aux incertitudes climatiques et aux sécheresses croissantes . En fait, « la préhistoire et l’histoire sont marquées par des mouvements humains (épisodiques et localisés) d’une zone climatique à une autre, car les gens étaient continuellement à la recherche d’environnements permettant de garantir leur survie et de satisfaire leurs aspirations à une existence plus stable ».
Le pastoralisme africain a été souvent perçu, au début du colonialisme, comme un système de subsistance « stagnante, improductive, et écologiquement néfaste », ce qui a généré, jusqu’il y a une quinzaine d’années, des politiques et des financements encourageant le sédentarisme, le déstockage des troupeaux et autres mesures visant à forcer les éleveurs à se sédentariser. Ces dernières années, cependant, un nouveau paradig…
Pour citer cet article
Référence papier
Cultures & Conflits, n° 88, hiver 2012, p. 111-132
Référence électronique
Salomé Bronkhorst, « Rareté de ressources et conflit entre pasteurs et agriculteurs au Sud-Kordofan, Soudan », Cultures & Conflits [En ligne], 88 | hiver 2012, mis en ligne le 15 mars 2014, consulté le 09 avril 2013. URL : http://conflits.revues.org/18589