Pasteurs pour la justice et la solidarité – granma.cu –

Pasteurs pour la justice et la solidarité

Laura Bécquer Paseiro

PENDANT cinq jours, Cuba a accueilli pour la première fois une édition de l’Assemblée générale du Conseil latino-américain des Églises (CLAI), qui a adopté le programme général de travail pour les six prochaines années. À noter que le blocus économique, financier et commercial contre Cuba, avait contraint à un report de cette 6e édition prévue à La Havane au mois de février, le gouvernement des États-Unis ayant gelé les fonds destinés à cette Assemblée.

Devant cette mesure de coercition, les plus de 300 représentants religieux d’une vingtaine de pays latino-américains et caribéens, on considérait que c’était une occasion de démontrer la foi et la solidarité entre les peuples.

L’évêque Julio Murray, président sortant de cet organisme fondé en 1982 et qui regroupe 188 églises et dénominations protestantes, a déclaré à Granma que « malgré les nombreuses difficultés découlant du blocus économique de l’empire, les églises se sont solidarisées et ont adopté la décision de dire : non, nous irons à Cuba et nous ferons tout notre possible pour accompagner les églises sœurs de l’Île, dans un geste concret de solidarité et d’œcuménisme’ ».

« Le groupe était très motivé, surtout les personnes qui nous visitaient pour la première fois, car elles ont pu connaître et partager l’histoire de foi de ce peuple », a signalé cet évêque panaméen.

Plusieurs participants ont considéré la tenue à Cuba de l’Assemblée comme un geste concret d’œcuménisme, qui a présidé aux débats sur des questions de l’actualité régionale et sur les défis pour l’avenir, notamment dans le moment historique que vit l’Amérique latine.

À cet égard, le président élu du CLAI, l’Argentino-équatorien Felipe Adolf, a déclaré à la presse qu’ « être à Cuba représente une démarche concrète que nous souhaitions partager, en accord avec le slogan de cette 6e Assemblée : ‘’Pour un oecuménisme accompagné de gestes concrets’’ ».

Mgr Felipe Adolf, qui est évêque émérite de l’Église méthodiste argentine Federico Pagura, a qualifié de « pertinent » le fait d’avoir élu Cuba pour cette réunion, avant d’ajouter que la tenue de cette Assemblée a constitué une réponse aux actions des États-Unis qui ont tenté d’empêcher la réunion et de bloquer les relations de Cuba avec le continent et le reste du monde.

Pagura, qui s’est vu décerner l’Ordre de la Solidarité institué par le Conseil d’État en reconnaissance de son engagement solidaire et de son amitié envers la Révolution et le peuple cubains, de sa vocation d’intégration, de son engagement en faveur de la défense des droits de l’Homme et de son attachement aux idées de José Marti, a également souligné qu’en ce moment crucial que vit l’Amérique latine, « ce beau pays a accompli une mission transformatrice très importante ».

Pour sa part, le représentant de l’Église anglicane du Pérou, Jaime Sianez a déclaré à notre quotidien que son séjour dans l’île lui a permis d’envoyer « un message d’espoir, de miséricorde et de loyauté à nos frères cubains ».

AGENDA DE TRAVAIL

Les églises latino-américaines et caribéennes se réunissent tous les six ans pour évaluer le travail accompli. À cette occasion, la 6e Assemblée générale du CLAI s’est proposée de « concerter des actions spécifiques afin d’exercer une influence plus efficace sur nos sociétés, notamment en cette période que traverse notre région ».

Mgr Murray a signalé à Granma que dans le contexte régional, « la mission de l’église ne cesse de se consolider apparaissant désormais comme un signe d’espoir. Surtout face à des situations où derrière une apparente prospérité économique, il existe encore de grandes inégalités et exclusions sociales ». C’est la raison pour laquelle, selon Mgr Murray, « nous recherchons une justice qui puisse nous mener à la paix ».

Concernant les résultats du travail, l’évêque panaméen a précisé que les églises et les organismes oecuméniques se sont donné un ferme objectif de rénovation afin de continuer d’œuvrer en faveur de la réconciliation et de l’unité des peuples. Finalement, Mgr Felipe Adolf, le président élu du CLAI, a rappelé qu’il reste encore des tâches en suspens. « Notre principal problème, c’est que nous n’avons pas encore appris à travailler ensemble. Toute notre éducation en Amérique latine a été construite sur des bases individualistes, ce qui se reflète dans les églises et les institutions sociales. Les institutions cherchent à résoudre leurs problèmes chacune de son côté, mais sans union, tous nos efforts seront vains ».

Au-delà des nouveaux défis qui l’attendent, la 6e Assemblée générale du CLAI a confirmé l’engagement de l’Église en tant qu’institution oeuvrant en faveur de la justice sociale, de la paix et de la solidarité.