Le Nouvelliste – Funérailles émouvantes du pasteur Sylvio Dieudonné

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Funérailles émouvantes du pasteur Sylvio Dieudonné

Le Nouvelliste | Publié le :11 juin 2013

 Jodherson Cadet Gonaïves (Artibonite)

Les obsèques de l’ancien vice-président du Mouvement chrétien pour une nouvelle Haïti (MOCHRENHA), le pasteur Sylvio Dieudonné, ont eu lieu ce samedi 8 juin 2013 en la Première église baptiste Béthel, Gonaïves (chef-lieu du département de l’Artibonite). De nombreuses personnalités venues de toute part se sont recueillies devant la dépouille de ce « grand homme » qui est passé à l’orient éternel.

Les funérailles de feu Dieudonné avaient une ressemblance hallucinante avec un programme religieux et culturel. Les groupes et chorales entonnent des morceaux qui chassent les larmes de crocodile. Les interventions des collègues pasteurs et des membres de la famille fussent à l’instar d’une source à haut débit. Des discours longs, truffés d’éloges et de témoignages. Le célébrant principal de la cérémonie funèbre, le pasteur Michel Morisset, président de la mission Eben-Ezer, a présenté feu Dieudonné comme un fils qui a grandi sous ses yeux, un ami fidèle et un confident. Sylvio Dieudonné, a-t-il déclaré, rêvait toujours de se sacrifier pour le changement des conditions de vie de nos compatriotes. Sa tête était pleine d’idées. A chaque fois que l’occasion se présentait, des conseils lui ont été prodigués pour l’aider à rester dans le droit chemin. Il est quelqu’un qui vit encore. « Vous n’êtes pas ici parce que vous connaissez quelqu’un de sa famille mais vous êtes là parce qu’il vit en vous », a souligné le berger. Pour sa part, le pasteur Roosevelt Augustin, actuel vice-président du Mochrenha et de l’Association de leaders évangéliques haïtiens aux Gonaïves (ALEHG), s’est efforcé de faire un grand flash-back pour évoquer lui aussi les bons souvenirs qu’il garde du disparu. Il s’est réjoui d’avoir connu et travaillé avec son ancien collègue. M. Augustin regrette que son ancien compagnon ait quitté la terre sans avoir concrétisé son principal rêve qui fut de voir Haïti passer de l’Etat marginal à l’Etat intégré. « La vie de l’homme est comme une fleur qui paraît le matin et qui sèche le soir. » Le député de la circonscription des Gonaïves, Me Sadrac Dieudonné, qui présentait l’oraison funèbre, a surtout mis l’accent sur le savoir-faire, le dynamisme et les rares qualités de son grand frère, son mentor incomparable. Il a campé le défunt comme un homme intègre, honnête et humble. L’intervention du parlementaire a été émaillée de tristesse et de fierté. Son timbre vocal, l’expression de son visage traduisent fidèlement les sentiments qui habitent son for intérieur. «Le verbe de la locution quotidienne, a-t-il dit, est trop banal et ne possède ni assez de substances ni assez de charges émotionnelles pour générer la juste intensité des vibrations de l’âme et traduire la foule de sentiments qui vous assaillent devant la bière d’un frère si chaleureux et si affectueux, affligé en ce jour et pour toujours dans l’immobilité de la mort charnelle en attendant, bien sûr, la glorieuse espérance qu’est la résurrection des rachetés. le pasteur Sylvio Dieudonné fut « un visionnaire, une machine à penser. Dès sa jeunesse, il professait un attachement viscéral à son pays ». Il a beaucoup écrit sur le pays. Son ouvrage « Haïti entre la gloire et le désespoir » en est une preuve probante. M. Sadrac Dieudonné a révélé que son frère aîné avait eu de nombreuses révélations sur Haïti. L’une d’entre elles a été publiée en été 1986 sous le titre « Le miracle d’une nouvelle Haïti ». « Une nouvelle Haïti n’est pas un idéal, mais c’est une condition de survie. Une nouvelle Haïti ne sera jamais l’oeuvre d’un gouvernement, quelle que soit l’idéologie mise en vigueur; ni d’un homme, quelle que soit sa valeur morale et intellectuelle… ni des réactionnaires, quelle que soit leur témérité; ni des politiciens, quelle que soit leur popularité. Une nouvelle Haïti sera l’oeuvre du Tout-Puissant. Elle sera donc l’initiative des hommes et des femmes droits, honnêtes, humbles et sincères. » « Comme Moïse a vu Canaan de loin à partir d’une autre montagne, de même, le pasteur Sylvio Dieudonné a salué de loin la nouvelle Haïti », a jubilé le député. Selon des camarades de lutte, feu Dieudonné fut un politicien avéré, un idéologue, un doctrinaire. « Il est tel homme qui ne meurt jamais, tant qu’il s’est investi dans la vie de milliers de personnes de tout âge. Un tel homme, je vous le dis, ne meurt pas, mais se repose de ses durs labeurs. Bien que mal vu par certains, il a accompli sa mission divine malgré tout et tous. Il prendra à certains de ses détracteurs et même à certains de ses décennies pour reconnaître son génie, parce qu’il avait devancé sa société. Il est incontestablement le pionnier du concept de la « Nouvelle Haïti ». Une telle voie, si bien tracée, ne saurait ne pas être suivie… », a écrit un frère du défunt, Mésack Dieudonné. Les enfants et la veuve du défunt, quoique éplorés, se montraient très courageux. Ils ont loué le courage de Sylvio Dieudonné. Ils disent croire que les idées de ce « grand homme » vont continuer à imprégner l’esprit de bon nombre d’Haïtiens. « Martin Luther King avait un rêve. Il s’est sacrifié pour sa matérialisation. Et, effectivement, ce rêve qu’il chérissait beaucoup allait être réalisé environ un demi-siècle après sa mort. Ainsi, je suis sûr et certain que l’autre Haïti pour laquelle mon père passait des semaines et des mois à jeûner sera concrétisée physiquement », a lâché l’un de ses garçons avec fermeté. Tout au long de son intervention, sa première fille n’a pas cessé de dire : « You make me proud (Tu me rends fière) ! » Sylvio Dieudonné évoluait sous divers chapeaux. Il exerçait en tant que comptable, théologien, écrivain, pasteur, éducateur et conférencier. « Il se passionnait pour l’éducation. Il fut un puissant prédicateur, un enseignant hors pair, un pasteur aimé de tous ses fidèles et un conseiller efficace. Ce fut un leader-né. Il rassemblait autour de lui avec une aisance inimitable partout où il allait, même pour un court séjour, enfants, jeunes et adultes, vieux et moins vieux», a confié l’élu de la commune des Gonaïves. Il a pris naissance le 10 mars 1954. A la suite d’une maladie (insuffisance rénale) qui le rongeait, il a succombé dans la nuit du 27 au 28 mai 2013 en République dominicaine où il résidait depuis des années. Avant de passer l’arme à gauche, il a fondé et dirigé l’église évangelique de Jésus-Christ et le collège mixte Manassé des Gonaïves. De concert avec les pasteurs Michel Morisset et Luc Mesadieu, il a respectivement fondé la mission Eben-Ezer et le Mouvement chrétien pour une nouvelle Haïti. Le cortège funèbre du premier vice-président du Mochrenha a été composé de nombreuses personnes, dont des parlementaires de la 49e législature, des leaders évangéliques, des proches, des collaborateurs de longue date et des camarades politiques.

Jodherson Cadet Gonaïves (Artibonite)

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