Ce 10e rassemblement des membres du regroupement oecuménique – qui réunit plus de 350 dénominations chrétiennes, essentiellement protestantes, anglicanes et orthodoxes-, élira les responsables du Conseil, l’organe directeur du WCC, et définira les orientation futures de l’organisation pour les sept années à venir.
C’est le thème de l’Assemblée de cette année (« Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix ») qui, semble-t-il, a inspiré la manifestation pacifiste qui se tient depuis le 30 septembre dernier, en amont du congrès, lesquel ne commencera que dans une semaine.
Les militants rassemblés devant l’imposant Busan City Hall pour 40 jours de « jeûne et prière », protestent contre les dangers du nucléaire et demandent la fermeture de la plus ancienne centrale de Corée du Sud située à 20 km du lieu de rassemblement du WCC.
Selon un rapport officiel de la Commission sur la sûreté et la sécurité nucléaires (NSSC) paru début octobre, la centrale nucléaire de Kori (Gori), construite il y a 35 ans, est celle qui, pour l’ensemble du pays, a subi le plus de suspensions (arrêt du réacteur), soit 286 fois. Les quelque 3,5 millions de personnes qui habitent dans un rayon de 30 km autour de la centrale, vivent dans la crainte permanente d’un accident nucléaire, qui risquerait d’être de l’ampleur de Fukushima au Japon ou de Tchernobyl en Ukraine.
La Corée du Sud est le pays possédant la plus forte densité au monde de centrales nucléaires installées sur son territoire. Elle représente la sixième puissance nucléaire civile mondiale avec 21 centrales en activité, qui fournissent 35 % de l’électricité du pays. Le gouvernement actuel planifie de développer davantage le parc des centrales afin d’obtenir que près de 50 % de l’électricité soit fournie par le nucléaire d’ici 2024. Un programme régulièrement dénoncé par les nombreuses organisations pacifistes que compte la Corée du Sud mais surtout les chrétiens, très investis dans la lutte contre le nucléaire.
Les protestants sud-coréens qui participent à l’action « jeûne et prière » expliquent vouloir attirer l’attention de la communauté internationale, en rappelant que l’Assemblée de la WCC va se tenir dans le lieu le plus dangereux du monde en matière de sécurité nucléaire, qu’il s’agisse de la proximité de centrales vétustes comme celle de Kori ou de la menace venant de quatre pays ‘voisins’ détenant l’arme nucléaire ; les Etats-Unis, la Russie, la Chine et la Corée du Nord.
Par cette démarche de prière et de jeûne, qui a débuté le 30 septembre et s’achèvera le 8 novembre prochain pour le dernier jour de l’assemblée du WCC, les manifestants se sont donné pour but d’ « accompagner » les congressistes dans leur démarche de réflexion. Parmi les propositions émises par le groupe figurent la création d’une commission qui réfléchirait au moyen de stopper le nucléaire, et l’organisation d’un « pélerinage oecuménique pour la justice et la paix ».
Chaque jour, depuis le début de la manifestation, les pasteurs et militants pacifistes récitent la prière suivante :
« Nous demandons pardon pour avoir causé des catastrophes écologiques et menacé la survie de l’humanité par un usage inconséquent de l’énergie nucléaire.
« Nous demandons pardon pour nous être bouché les yeux et les oreilles face aux dangers du nucléaire, et ce malgré l’avertissement de Fukushima.
« Nous prions pour que l’humanité puisse quitter la voie du nucléaire avec ses désastres écologiques et humains.
« Nous prions pour qu’advienne un monde de paix, que la dignité de la vie soit protégée et que nous puissions remplacer l’énergie nucléaire par des énergies naturelles renouvelables.
« Nous prions pour que tous les chrétiens du monde, abandonnant les armes nucléaires et les centrales, se retrouvent côte à côte, pour marcher ensemble sur le chemin de la paix »
(eda/msb)