Des pasteurs alsaciens ont signé un manifeste pour réclamer un “débat ouvert” sur la bénédiction des couples homosexuels qui doit être débattue prochainement au sein de l’Union régionale des Églises luthérienne et réformée (UEPAL), a-t-on appris mercredi auprès des signataires.
Ce texte qui compte quelque 150 signataires, parmi lesquels une trentaine de pasteurs et de nombreux fidèles, a été publié mardi sur le réseau social Facebook.
Sans se prononcer explicitement en faveur de la bénédiction des unions homosexuelles, les signataires de ce manifeste estiment que “tout amour sincère, libre et responsable est l’expression d’une création bénie de Dieu”.
Ils disent “rêver” d’une Église qui puisse “dépasser les préjugés et les jugements (portés) les uns sur les autres” et, après la légalisation en France des mariage entre personnes du même sexe, débattre “avec sérénité” et dans un “esprit de fraternité” des questions touchant notamment à la sexualité.
Dans la tradition protestante, les pasteurs ne célèbrent pas formellement de mariages, considérés comme l’affaire des autorités civiles, mais se contentent de célébrer des bénédictions pour des couples mariés civilement.
La bénédiction des couples du même sexe est une question de société qui suscite “des réactions parfois viscérales pouvant s’accompagner de paroles d’exclusion”, ont rappelé des rédacteurs de ce texte dans un communiqué à l’AFP.
Ceux-ci estiment que dans sa démarche, l’Église “devrait dans tous les cas” se montrer “attentive et accueillante” vis-à-vis des “projets de vie portés par l’amour (…) quelle que soit la forme de cet amour”.
Par cet appel du pied, les pasteurs alsaciens veulent inviter l’Église “à trouver une bénédiction qui n’exclut pas les gens”, a commenté pour l’AFP le pasteur de la paroisse Saint-Thomas à Strasbourg Christian Greiner, l’un des signataires.
Dans un message sur Facebook, les pasteurs ont rappelé qu’ils ne se posent pas en “groupe de pression”, mais souhaitent exprimer un “souhait fort d’un débat ouvert”, et “respectueux”, où “la +messe+ n’est pas dite d’avance” et “serein, sans excommunications mutuelles”.
La mise en ligne de ce texte intervient quelques jours seulement après la publication par l’UEPAL d’un document théologique préparatoire visant à recenser les arguments pour et contre sur cette question, qui sera débattue au sein d’une assemblée de l’Union les 28 et 29 juin prochain.
Les institutions protestantes “historiques” (réformées et les luthériennes) qui réclament un débat sans a priori se distinguent de celles des courants évangéliques, qui partagent avec l’Église catholique le refus de reconnaître les couples homosexuels.