Le Conseil synodal invite son parlement à continuer de consacrer les aspirants au ministère diaconal, et présente même ses excuses. La proposition en 2013 de renoncer à cet acte liturgique le réservant aux seuls pasteurs avait suscité tristesse et révolte
Les diacres ne tomberont pas dans les marges de l’Eglise évangélique réformée vaudoise. Le Conseil synodal, exécutif, s’est ravisé sur la consécration des alter ego des pasteurs. En 2013, les autorités protestantes avaient en effet envisagé de renoncer à cet acte liturgique ou, du moins, d’en remodeler le profil. Face à une très vive réaction, mêlant tristesse et révolte, le gouvernement de l’église réformée propose désormais au Synode, parlement, qui se réunit cette fin de semaine à Lausanne, de continuer de consacrer les diacres, pour leur plus grand bonheur.
Le Conseil synodal a donc choisi la voie «de l’apaisement». Il présente même ses excuses à tous ceux qui se sont sentis blessés. Quoique parfois «imprévisible», selon un ancien membre du Synode, cette instance devrait lui emboîter le pas et mettre un terme à la crise qui a secoue les paroisses et les cures du canton. Les diacres, mais aussi des pasteurs, avaient exprimé leur peine et leur réprobation à l’égard d’une décision qui «rabaissait» des femmes et des hommes au service de Dieu sur le terrain, au milieu des gens.
En peu de temps, c’est la deuxième fois que le Conseil synodal et le Synode sont confrontés à la fronde de la base les obligeant à reprendre leur dessein d’origine. La volonté d’introduire un rite destiné aux couples homosexuels avait passablement heurté. Une première résolution du Synode avait provoqué le refus bruyant d’une frange attachée à une lecture conservatrice des textes. Sans le ranger au fond d’un tiroir, l’exécutif a corrigé le dispositif d’origine. La nouvelle mouture , adoptée, préserve ainsi la liberté des objecteurs de conscience. Les opposants restent opposés mais la contestation a fini par perdre de vigueur.
Quant à la consécration des diacres, le Conseil synodal est revenu certes en arrière, mais il a voulu justifier sa position sur le plan théologique , explique Line Dépraz, Ce qui a permis de clarifier les rôles différents et complémentaires des ministres. Ces tensions, explique la pasteure membre de l’exécutif, tiennent en grande partie à un «déficit d’information». En revanche, elle exclue qu’un fossé sépare les autorités ecclésiastiques des fidèles. «Il y a une minorité en désaccord qui se fait entendre, mais il y a en même temps une majorité silencieuse qui approuve les changements.»