Le chef de l’Église catholique a reçu lundi matin au Vatican la demi-douzaine d’évêques qui composent la conférence épiscopale du Zimbabwe. Comme de tradition pour tous les prélats du monde, ceux-ci sont venus rendre compte au pape, au cours de cette visite appelée ad limina, de la marche des entités ecclésiales qui leur ont été confiées, des difficultés rencontrées et recevoir de lui, en retour, les indications pour leur travail dans les prochaines cinq années.
Pays assez particulier qui n’est indépendant que depuis 1980, le Zimbabwe semble s’être écarté des colonnes des bonnes nouvelles dans les médias occidentaux qui préfèrent se focaliser sur chacun des faits et gestes de son président, Gabriel Robert Mugabe. Élections tourmentées, difficultés de coexistence entre l’Église et l’État, marasme économique mais aussi difficultés de cohabitation des différentes composantes raciales du pays, les Blancs et les Noirs, le pays semble être aujourd’hui la caricature de l’Afrique du Sud dont il a partagé pourtant beaucoup des gros problèmes du passé, y compris l’apartheid.
C’est pourquoi, en les recevant au Vatican, le pape François a fortement exhorté les évêques zimbabwéens à faire en sorte que dans leur pays « l’Église serve de pont entre les hommes et entre les hommes et Dieu ». Qu’elle reste aux côtés de son peuple en ces temps « de grande souffrance » pour lui ; qu’elle guide « avec une infinie tendresse tout le monde vers l’unité et la guérison ». Le Souverain pontife a rappelé qu’il faut pour cela œuvrer sans cesse à rapprocher les cœurs des gens : « La réconciliation n’est pas un acte isolé mais un long processus par lequel toutes les parties sont rétablies dans l’amour. »
Dans une fine allusion aux déboires internes de l’Église catholique du pays, le pape a aussi invité à une meilleure formation des futurs prêtres ; des clercs capables « d’encourager les fidèles à ne pas perdre de vue les voies par lesquelles Dieu entend leurs suppliques et répond à leurs prières ». « De nombreuses personnes ont atteint leur limite humaine et ne savent plus où se tourner », a relevé le pape. L’Église demeure donc pour elles la seule boussole valable, qui ne doit pas s’affoler avec le vent et les circonstances.
Lors d’une autre visite pastorale de ce type, en juillet 2005, le pape Benoît XVI avait été encore plus direct en invitant les futurs prêtres zimbabwéens « à présenter la plénitude de la foi catholique de façon à satisfaire et répondre vraiment aux difficultés, aux questions et aux problèmes des personnes », et non pas à être les acteurs d’une pastorale incertaine. Pour bien appuyer son propos et frapper par l’exemple, deux ans plus tard, le pape allemand avait brutalement relevé de ses fonctions l’archevêque de la deuxième ville du Zimbabwe, en restant sourd jusqu’aux suppliques de ses pairs d’Afrique australe.