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Pendant très longtemps, la métropole a effectivement pu ressentir de la culpabilité, notamment vis-à-vis des Antilles où cohabitent des descendants d’esclaves et des colons – ces fameux béquets qui détiennent la plupart des plantations, notamment de banane et de canne à sucre. Mais ce sentiment est très mal placé dans la mesure où il se retourne contre les habitants de ces territoires, sous forme de chômage. S’il faut vraiment se sentir coupable, c’est de les avoir assisté.
Etant donné que le gouvernement est dans une mouvance de pacte, il devrait donc en faire un avec l’outre-mer. Ce pacte pourrait par exemple inclure la stagnation des dépenses sociales, la diminution de la rémunération des fonctionnaires – cette fameuse “surprime” – et la suppression d’un ensemble de dispositifs fiscaux inutiles. En échange, les aides seraient alors réorientées vers les entreprises, l’innovation, le tourisme…
Alors que la France s’est passionné des débats sur le découpage territorial de la métropole et l’intérêt pour une plus grande décentralisation, qu’en est-il du côté des territoires d’Outre-mer ? La responsabilisation économique de ces zones ne pourrait-elle pas également permettre une relance économique, notamment par une meilleure adaptation des politiques locales pour les entreprises ?
Là encore, donner davantage d’autonomie à ces départements est une excellente idée – tout comme pour le reste des départements français.
D’autant plus qu’économiquement, ces territoires sont bien trop tournés vers la métropole. L’espace géographique naturel des Antilles par exemple doit être l’Amérique et non la métropole. Pareil pour La Réunion, elle doit s’épanouir entre l’Afrique du Sud, l’Océan indien et l’Inde.
Leur fiscalité doit également être réformée. Celle de ces territoires est très particulière. Il y a notamment une taxe protectionniste – sur les importations – qui s’appelle l’octroi de mer et qui devrait à tout prix être supprimée pour être remplacée par une taxe sur l’immobilier ou le chiffre d’affaires. Cette taxe est effectivement catastrophique pour ces départements et contribue à faire monter les prix. Car le grand paradoxe de ces territoires, c’est que la croissance est faible, il y a beaucoup de chômage tandis que les prix sont extrêmement élevés.
Dans quels domaines pourrait-on estimer que la métropole est suffisamment oppressante pour qu’elle nuise aux DOM ?
“Oppressante”, le terme est peut-être un peu fort. La métropole a en effet couvé ces territoires et ils représentent aujourd’hui les qualités et les défauts de la France de manière accentuée. Quoi qu’il en soit, il y a beaucoup à faire et on y trouve un réel esprit d’entreprise. Mais le réservoir productif économique est trop petit comparé à la taille de la population.
Comment pourrait-on rendre les territoires d’Outre-Mer plus autonomes ?
Ils le deviendront par la force des choses. L’économie y a été portée par la dépense publique. Or, cette dépense s’amenuise. Ces territoires vont donc être obligés de “fabriquer” eux-mêmes leur croissance économique ou alors ils s’appauvriront. Il faut absolument qu’ils passent de l’économie résidentielle qui est la leur à une économie productive, en commençant par le tourisme, notamment dans les Antilles où le parc hôtelier n’est pas à niveau.
Le rapport de la Cour des comptes de 2014 indique que le tourisme, qui a en bonne partie contribué à la croissance des économies insulaires dans les années 1990, serait aujourd’hui en crise. Sur quels secteurs devront-elles s’appuyer pour s’assurer un avenir plus serein ?
Le secteur de l’agroalimentaire peut être très porteur. On y trouve en effet du sucre, de la banane, une capacité à fabriquer des produits transformés qui n’est pas assez exploitée, etc. Une fois que deux ou trois secteurs se sont suffisamment développés, cela attire inévitablement l’emploi, la construction, etc. Et on entre alors dans un cercle vertueux.