Au Bhoutan le 10 septembre, deux pasteurs ont été condamnés à la prison ferme à cause de leur foi.
Le Révérand Tandin Wangyal est accusé par le tribunal de collectes de fond non autorisées et d’organisation de réunions religieuses sans autorisation. En outre, il est accusé d’avoir reçu “des aides financières de la part d’organisations chrétiennes étrangères” (probablement américaines) afin de “dispenser des formations et propager le christianisme”. Il vient d’être condamné à quatre ans de prison ferme. Le Rév. Mon. B Thapa a été jugé pour complicité, et fera deux ans de prison.
Détenus 49 jours sans inculpation officielle
Les deux hommes ont été arrêtés le 5 mars dernier. Alors qu’ils préparaient un séminaire de trois jours sur la demande d’une trentaine de chrétiens du village de Khapdani, un enfant est tombé malade et les deux révérends l’ont conduit à l’hôpital. Mais sur la route, des policiers les arrêtent, trouvent dans leur voiture le matériel de projection cinématographique prévu pour le séminaire, confisquent tout et les emmènent immédiatement en prison. Durant 49 jours, ils sont enfermés sans aucun motif officiel. Puis, à leurs audiences, les chefs d’accusation s’accumulent: prosélytisme religieux, collecte de fond pour usage personnel et sans autorisation. Ils nient tous deux avec force les accusations qui leur sont faites, et affirment que “le dossier a été monté de toutes pièces“. Le Ministre des Affaires Étrangères à quant à lui affirmé à la presse que les révérends tentaient de “pratiquer des conversions forcées“.
Au pays du “Bonheur National Brut”
Drapeau du Bhoutan
Le Bhoutan est une petite monarchie himalayenne connue pour être le seul État au monde dirigé par un gouvernement bouddhiste. D’ailleurs, 75% des Bhoutanais sont bouddhistes, pour 22% d’hindous, le reste de la population se partageant entre chrétiens et autres confessions. Mais la grande particularité de ce pays est sa recherche du bonheur, à travers l’amélioration du BNB, le Bonheur National Brut. Un slogan qui ne s’applique malheureusement pas pour les autres religions que le bouddhisme. Jusqu’en 2008, les communautés chrétiennes vivaient dans la plus grande clandestinité. Depuis, le Bhoutan a inscrit la liberté religieuse dans sa Constitution. Mais tout prosélytisme venant d’une autre religion que celle d’État reste formellement interdit, étant perçu comme une menace pour l’identité nationale.
Le pasteur Tandin, père de trois petits garçons, a fait appel et espère voir sa peine réduite.