Alors que le Canton de Genève ne soutient pas financièrement l’Eglise protestante, la commémoration de la Restauration comprend un culte auquel les autorités publiques sont invitées. La célébration se déroulera, le 31 décembre prochain, à la Cathédrale Saint-Pierre, à Genève.
Photo: La Cathédrale Saint-Pierre © Jean-Christophe Emery
Par Laurence Villoz
«Le culte de la Restauration fait partie de la tradition», explique le pasteur Blaise Menu de l’Eglise protestante de Genève (EPG), chargé de la prédication du 31 décembre prochain, à la Cathédrale Saint-Pierre. «C’est une Action de grâce pour la liberté retrouvée», ajoute le théologien genevois, Olivier Fatio. Le 31 décembre 1813, Genève a retrouvé son indépendance, à la suite du retrait de l’armée napoléonienne. «Depuis 201 ans, un culte commémore cette date», souligne Olivier Fatio qui a lui-même apporté la prédication, ses deux dernières années. Annexée par la France en 1798, la cité de Calvin a rejoint la Confédération helvétique en 1815.
Chaque année, la commémoration de la Restauration commence à l’aube par 23 coups de canon, représentant les 23 cantons suisses. Puis, une cérémonie officielle se déroule en présence des autorités cantonales. Les festivités se poursuivent par un culte à la cathédrale bien que le canton n’apporte pas de soutien financier à l’EPG. «Le culte de la Restauration est une charmante «genevoiserie». Cette pratique nous vient du passé. Normalement, certains politiques y assistent, mais ce n’est pas certain. Si l’Eglise célèbre la Restauration, elle le fait dans une dynamique positive de fierté genevoise. Ce n’est pas un acte politique», explique Blaise Menu. «La Restauration est une fête populaire et patriotique. Même si les autorités n’assistaient plus au culte, il continuerait d’avoir lieu», précise Olivier Fatio, professeur honoraire à l’Université de Genève.
Une prédication qui traite des frontières
Vice-président de la Compagnie des pasteurs et des diacres, Blaise Menu présidera la célébration de par sa fonction. Il a choisi de se pencher sur la thématique des frontières. «En juin dernier, Sami Kanaan, lors de son premier discours officiel en tant que maire de Genève, a proposé de porter la réflexion autour de la question des frontières. En tant que citoyen, j’ai trouvé la proposition intéressante», se rappelle le pasteur. Ainsi, Blaise Menu a choisi un passage de l’Evangile de Matthieu (15. 21-31) où Jésus rencontre une étrangère. «Ce texte aborde la question de la limite, du passage et de la transgression. Il n’est pas moralisateur, mais transcende les aprioris».
Le corps de musique l’Elite accompagnera pour la dernière fois les festivités en commémoration de la Restauration. A partir du 1er janvier 2015, seule la Landwehr sera la fanfare officielle du Canton de Genève. Jusqu’à maintenant, le canton subventionnait les deux corps de musique qui animaient les événements officiels à tour de rôle. Dès 2015, l’Elite deviendra le brass-band privé de la société de tir, Les Exercices de l’Arquebuse et de la Navigation.