Toumaî traçabilité
Les difficultés de suivi des itinéraires des mouvements de transhumance des troupeaux dans le Sahel et l’indisponibilité des ressources pastorales engendrent une inefficacité du développement du secteur agro-pastoral. Il est à noter que 20 à 40% de la population de cette région vit de l’élevage. Les nomades se déplacent en famille avec leurs troupeaux à 400 km de leur campement depuis 1970, début des grandes sécheresses. Outre les nomades, il y existe des semi-nomades ou qui se déplacent en fonction de la rareté des ressources alimentaires. Au cours de leurs déplacements, nomades et semi-nomades traversent des champs de cultivateurs, qu’ils détruisent en partie. Cela crée du mécontentement chez ces derniers et des conflits entre nomades et sédentaires. Le cadre qui devait règlementer le système de la production agropastorale afin de garantir un accès équitable aux ressources naturelles dans le souci de sécuriser les déplacements des animaux et la protection des champs des agriculteurs n’a pas été mis à jour depuis l’indépendance. Cette contrainte ne permet pas le développement maximum du secteur de production agricole pour contrer la dépendance aux revenus du pétrole. Le problème est dû, notamment, à l’impact environnemental des changements climatiques qui détériore la situation des pasteurs et des animaux. Les irrégularités pluviométriques conditionnent les mouvements de transhumance des zones sèches du nord vers les zones inondées du sud du pays à la recherche des ressources alimentaires pour les animaux.
Au cours de leurs parcours, certains pasteurs rencontrent plusieurs difficultés, comme le vol de leurs animaux, les maladies des bêtes, la cohabitation difficile avec les agriculteurs et les coûts de l’eau imposés par les propriétaires des terres où ils passent. Plusieurs manquent d’une éducation suffisante pour assurer l’adaptation et l’intégration des nomades dans l’environnement des sédentaires. Certaines études de la Banque mondiale ont démontrées qu’une Unité de Bétail Tropical ( UBT) de cheptel pourrait consommer plus de 30 litres d’eau par jour. Actuellement la disponibilité de l’eau serait l’ordre des tous les 100 km en zones saharienne et 25 km en zones sahéliennes et soudanienne.
La gestion intégrée des ressources pastorales et agricoles que nous proposons tente de répondre aux besoins des différents intervenants dans l’environnement des agriculteurs et des pasteurs, et cela, dans un contexte d’exploitation et d’accès aux ressources, à l’espace et à l’eau.
Ce projet est en lien direct avec les objectifs de la Stratégie nationale de réduction de la pauvreté (SNRP II), adoptée en mars 2008, (Bertrand Guibert, Ali Brahim Béchir et Djimasngar Madjidé, 2014). Cette stratégie vise une réduction de moitié de la pauvreté au Tchad, durant l’année 2015. Nous sommes déjà en avril 2015 et le problème reste entier à cause du manque d’institutions solides susceptibles de répondre aux besoins et aux attentes de la population. Pour assurer la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté, nous proposons une solution technologique qui pourrait aider à résoudre les problèmes des itinéraires de transhumance et à développer une collaboration entre les éleveurs et les sédentaires. Nous proposons une plate-forme développée sur un téléphone portable équipé d‘un GPS pour assurer de l’améliorer des circuits de distribution et de vente des sous-produits agro-industriels par la mise en place d’une marche sous régionale de l’Afrique centrale et du Nigeria. Dans le souci de réduire les conflits éleveurs-agriculteurs et stimule les activités économiques des pays qui sont concernés par ce projet.
Les éleveurs nomades pourraient avertir d‘avance les agriculteurs de l’arrivée leur troupeau sur les terres agricoles de ces derniers auxquels ils demanderaient alors la permission de passer sur leur terre. Si l’agriculteur est d’accord, il accueillera le troupeau et son propriétaire sur une aire de stationnement.
L’application fonctionnerait via une interface web et à l’aide d’un téléphone portable. Le système a été conçu pour permettre au secteur agropastoral de mieux répondre aux demandes des éleveurs et des sédentaires dans l’exploitation des ressources. Elle offre une possibilité d’enregistrer et de faire circuler les informations sur les troupeaux, leurs mouvements ainsi que sur l’état des lieux de circulation. De plus, le système permet, via SMS, d’avertir les autorités concernées des maladies, des vols et de tous les problèmes du bétail qui peuvent survenir en cours de route. La technologie-e-traçabilité de Toumai offre également la possibilité aux éleveurs et aux vendeurs de s’échanger des données et de faire des comparaisons entre les animaux au sein d’une marche locale ou nationale des troupeaux. Celle-ci permet d’améliorer génétique à l’échelle nationale et internationale.
Mots clés : Régie de troupeau, sécurisation de la mobilité et technologie de la traçabilité