Le pasteur favorable au mariage homosexuel

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recueilli par Franck Meslin

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f.meslin@sudouest.fr

Réunis en synode à Sète le week-end dernier, les délégués de l’Église protestante unie de France se sont majoritairement prononcés en faveur de la bénédiction des mariages homosexuels. Une décision qui laisse chaque paroisse libre de son choix. Parmi les 105 délégués, Anne-Marie Feillens, pasteur de la paroisse d’Orthez, représentait le Sud Ouest.

« Sud Oues t». Qu’est ce qui a conduit le synode à cette décision ?

Anne-Marie Feillens. Après la loi autorisant le mariage civil de personnes de même sexe, les paroisses ont sollicité la position de notre Église face à cette évolution sociétale qui suscite également le débat au sein de notre communauté.

Le conseil national a souhaité prendre le temps de la réflexion et d’en faire un thème synodal. À Orthez, nous avons organisé trois cultes-débat avec la communauté à partir du dossier réalisé par le conseil national.

Quel en est le fruit ?

Les avis sont divers. Il y a quelques réactions hostiles et quelques-unes également très tranchées pour souscrire rapidement à ces bénédictions. La majorité s’interroge. Sans manifester d’opposition stricte, ces personnes ne sont pas très à l’aise avec la question.

Et vous, qu’avez-vous finalement voté au synode ?

Je fais partie des délégués qui ont voté pour cette bénédiction. Ce processus m’a aidée à mûrir ma décision qui n’était pas arrêtée à son lancement. J’ai pu voter ce texte car il respecte la pluralité des sensibilités. Il est une ouverture offerte mais sans obligation pour les pasteurs et les communautés locales. Je peux entendre que certains ne sont pas prêts et cette liberté est importante.

Votre vote indique-t-il que vous bénirez les couples homosexuels à Orthez ?

Je ne le ferai que si le conseil presbytéral, composé de sept élus et du pasteur, est majoritairement d’accord. Le texte du synode indique que la décision doit être prise en accord avec la paroisse. Je soumettrai la question au prochain conseil en juin, soit pour nous prononcer dès lors, soit pour choisir d’attendre qu’un couple nous sollicite. Je n’ai aucune idée sur l’issue de ce vote.

Vous souhaitez que votre conseil presbytéral souscrive à ces bénédictions ?

Si j’ai une demande de couple, j’y répondrai favorablement avec l’accord du conseil. Mais je ne souhaite pas influer sur le conseil presbytéral pour le pousser à m’y autoriser. J’ai voté ce texte en raison de cette liberté laissée aux communautés, je ne vais donc pas la court-circuiter.

Le souci d’unité fait partie de mon ministère et je dois entendre les crispations que peut susciter ce sujet, même si elles sont mineures désormais. Si notre paroisse n’était pas prête, je peux le comprendre et accompagner son cheminement.

Avez-vous déjà été sollicité, avant ce synode, par des couples homosexuels pour une bénédiction ?

Non, jamais.

Depuis la promulgation de la loi sur le mariage pour tous, seules trois unions homosexuelles ont été célébrées en mairie.