La fronde contre les autorités de l’Eglise évangélique du canton de Vaud (EERV) se poursuit: le licenciement de quelques pasteurs n’a toujours pas été digéré par ceux qui dénoncent un Conseil synodal (Exécutif) aux méthodes «brutales et autoritaires». Cette semaine, un courrier signé par une trentaine de «laïcs engagés dans l’EERV» a été envoyé aux 87 délégués du Synode (parlement). Ces laïcs dénoncent avec force «les propos contradictoires ou erronés» tenus récemment par le Conseil synodal, vilipendé pour sa «gestion catastrophique» des ressources humaines.
Qu’est-ce qui a motivé ces paisibles paroissiens à parapher un texte aussi musclé? «Dans l’Eglise réformée, il en faut en effet beaucoup pour nous faire sortir de nos gonds. Mais l’autoritarisme de nos autorités religieuses n’est pas compatible avec le message de l’Evangile», explique Philippe Rochat, paroissien à Morges. «Il y a quelques années, un pasteur a été mis à la porte à la veille de Noël. On devrait savoir faire preuve de quelques égards dans notre Eglise», lui fait écho Jacques Guignard, un autre signataire.
A noter que, selon nos deux interlocuteurs, le texte signé par les laïcs n’a pas été écrit par ces derniers: c’est «un groupe de pasteurs malmenés» qui a rédigé la lettre. Un procédé qui fâche l’Exécutif de l’EERV: «Nous déplorons que certains ministres n’hésitent pas à attiser la fronde en mobilisant des laïcs contre l’institution. Cela contribue à instaurer un climat délétère et nous attriste profondément», a réagi hier à Vaumarcus (NE) Xavier Paillard, président du Conseil synodal, devant les délégués au Synode réunis en assemblée.
Des délégués qui ont fait part, pour certains, de leur inquiétude face à cette situation de crise: «Si le Conseil synodal ne prévoit pas d’éteindre cet incendie immédiatement, ce sera au Synode de le faire», a tempêté Suzette Sandoz. «Qui a envie de rejoindre une Eglise où l’on se bagarre de cette manière?» s’est interrogé l’ancien médecin cantonal Jean Martin, tandis que plusieurs délégués ont mis en cause la double casquette de l’EERV, qui, depuis quelques années, est à la fois employeur et chef religieux. «Réfléchissons à la possibilité d’une médiation externe à l’EERV», a encore suggéré Julian Woodford. «Ne soyons pas aveuglés par la défiance et le jugement, mais gardons nos esprits et nos idées claires», a exhorté pour sa part Yael Saugy.
Si, en coulisses, il se dit qu’une trentaine de pasteurs et diacres – sur les 270 que compte l’EERV – sont en situation délicate, le conseiller synodal John Christin a révélé hier que quatre licenciements ont été prononcés ces cinq dernières années, et que quatre contrats à durée déterminée n’ont pas été renouvelés pendant cette même période. (24 heures)
(Créé: 20.06.2015, 10h36)