La décision de la Cour suprême des Etats-Unis de légaliser le mariage homosexuel dans l’ensemble des Etats américains ne plaît pas aux évangéliques. Plusieurs figures ont élevé leur voix pour dénoncer cette redéfinition du mariage qui «entre en conflit avec nos standards bibliques», pour reprendre par exemple les termes des Assemblées de Dieu.
Par la voix de leur responsable, George Wood, elles ont fait part de leur inquiétude: «Les ministres des Assemblées de Dieu seront-ils contraints de célébrer des unions de même sexe?». George Wood a ensuite encouragé les pasteurs: «La politique reflète la culture, et la culture reflète la religion. Si donc vous êtes concernés par le tournant politique pris par la culture américain, prêchez l’Evangile». Il a invité tous les chrétiens à rechercher le bien commun et à veiller.
Un manifeste signé par 100 pasteurs
Un manifeste pour défendre le mariage biblique a été signé par plus de 100 pasteurs influents aux Etats-Unis, parmi lesquels David Platt, Samuel Rodriguez, etc. Ce texte met en garde les évangéliques contre le danger que courent leurs institutions d’être «mises sous pression pour sacrifier leurs propres croyances au sujet du mariage et de la sexualité, afin de s’accommoder à la culture et à la loi. Or nous ne pouvons pas accéder à ces demandes sans violer notre conscience et le contenu de l’Evangile»
Joindre la révolution morale
Al Moher, président du Southern Baptist Theological Seminary, a écrit un long article dans lequel il a rappelé que la Cour suprême, bien que «suprême», devra affronter deux autres cours. D’abord, la cour de l’Histoire, qui rendra un jugement qui embarrassera les grands juges américains, qui ont pris une trajectoire dangereuse. La Cour du jugement divin ne sera pas non plus tendre avec les juges, a averti Al Moher.
Il a ajouté que cette décision est une «menace à la liberté religieuse», car elle a «placé face à un danger légal chaque institution religieuse qui manifesterait son souhait que le mariage reste limité à une union entre un homme et une femme». Pour Al Moher, les chrétiens ne peuvent donc pas rester silencieux, mais doivent «joindre la révolution morale».
Une institutionnalisation du péché
Le théologien et auteur John Piper (photo), locomotive de la Gospel Coalition, a écrit un article sur son site, dans lequel il parle d’une «calamité». Pour lui, «ce qui est nouveau, ce n’est pas seulement la célébration et l’approbation du péché de l’homosexualité. La nouveauté, c’est sa normalisation et son institutionnalisation. Voilà la nouvelle calamité.»
Faut-il pour autant céder à la tentation du «contre-assaut politique»? Pour John Pipier, ce n’est pas là la mission de l’Eglise. «Les chrétiens savent ce qui est en train de se produire, pas seulement parce qu’ils le constatent dans la Bible, mais aussi parce qu’ils ont bien expérimenté la tristesse que produit le péché dans leur propre vie. Nous moissonnons ce que nous semons. Nos mariages, nos enfants, nos Eglises et nos institutions sont toujours troublés par le péché».
Il existe cependant une différence: «Nous balayons nos péchés, nous ne les célébrons pas, nous ne les institutionnalisons pas. Nous nous tournons vers Jésus pour obtenir son pardon et son aide. Nous pleurons devant lui, lui qui nous délivre de la colère à venir»