Nîmes : une exposition sur la résistance oubliée

P endant la Seconde Guerre mondiale, des résistants allemands ont trouvé refuge auprès de pasteurs en Cévennes. Des panneaux informent le public à la Maison du protestantisme jusqu’au 10 juin.

Il se dit lui-même étonné par le succès et l’ampleur que prend cette exposition : une vingtaine de panneaux informatifs, avant tout conçus dans une démarche pédagogique et destinés à des élèves mais qui, sept années après leur création, continuent de rencontrer un bel écho, notamment en France.

Nîmes ne devrait pas faire exception. Cette exposition, installée jusqu’au 10 juin à la Maison du protestantisme, évoque un aspect méconnu de l’histoire locale : la rencontre entre des résistants allemands et les pasteurs de l’Église réformée, en Cévennes, durant la Seconde Guerre mondiale.

L’exposition en pratique

Antifascistes allemands et pasteurs cévenols dans la résistance française 1942-1945”, exposition à la Maison du protestantisme, 3, rue Claude-Brousson. Samedi 6 juin, à 16 heures, chants et lectures de textes par la chorale Chants en liberté, puis projection du film Un maquis allemand dans les Cévennes. Entrée libre. 

“Des faits peu connus”

Günter Leitzgen, ancien professeur, fut le premier surpris lorsqu’un jour un ami lui présenta un ouvrage évoquant le rôle des résistants allemands.

Surpris et surtout ému par ces actes si peu mis en lumière qu’il souhaita en concevoir une exposition. “Ce sont des faits peu connus dans les deux pays, explique l’enseignant, les exploits d’Allemands s’étant engagés dans la résistance ont été méconnus. On n’arrivait pas à apprécier à sa juste valeur la réalité de la résistance de ces hommes et de ces femmes. Pourtant, certains Allemands se sont opposés, dès 1933, à Hitler. Ils ont été les premiers. Mais, en France, il y avait, jusqu’au début des années quatre-vingt, une image persistante du “Boche”.”

20 000 à 30 000 Allemands réfugiés en France

Selon des récits historiques, entre 20 000 et 30 000 Allemands se sont réfugiés en France. En Cévennes, le rôle des pasteurs protestants fut majeur. “Ils représentaient une aide très importante en Cévennes”, poursuit l’Allemand.

Sur cette terre traditionnellement résistante – depuis les guerres de Religion -, les pasteurs ont soutenu ces résistants. “C’était une aide pratique, logistique, de ravitaillement, et parfois ils allaient jusqu’à prévenir des actions de “nettoyage” à venir.” Photos, extraits de témoignages, documents d’époque à l’appui : la modeste exposition décrit le quotidien difficile, dans des conditions très sommaires, de ces Allemands qui décidèrent de s’opposer au régime nazi. Et comment ils survirèrent dans les contrées cévenoles.

Après avoir tourné en Allemagne, l’exposition, traduite en français, fait le tour de France depuis un an. Günter Leitzgen souhaite évoquer “une résistance oubliée”. “Des Allemands se sont battus hors du Reich contre la Wehrmacht, la propagande et la barbarie nazies. Ils ont risqué leur vie parce qu’ils ne voulaient pas rester les bras croisés.” Un autre regard sur le passé qu’il est possible de découvrir jusqu’au 10 juin à la Maison du protestantisme.

La Faculté de théologie se prépare à tirer sa révérence

« Un lieu se ferme, mais la théologie continue de se pratiquer » : ce sont les mots utilisés mardi par le doyen de la Faculté de théologie de l’Université de Neuchâtel, Félix Moser, au moment de présenter les manifestations qui marqueront la fermeture du lieu, prévue pour le 31 juillet. Trois jours de colloque, une soirée officielle et une table ronde sont notamment au programme la semaine prochaine, du 10 au 12 juin. Ces événements s’inscrivent dans une thématique: « Entre la mémoire et l’oubli: la pertinence de la théologie protestante.»

Les étudiants qui suivent encore un cursus ont été redirigés vers les Facultés de théologie de Lausanne et de Genève, où l’enseignement de la théologie pratique, assuré jusque-là par Neuchâtel, a été transféré.

Le dernier enseignant encore actif, le professeur Félix Moser, assurera quant à lui un enseignement en sciences bibliques à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel, au moins jusqu’en 2017.

 

La Bibliothèque des pasteurs s’apprête à déménager à la BPUN

L’avenir des deux bibliothèques actuellement abritées par la Faculté de théologie est aussi un peu plus clair désormais. La Bibliothèque des pasteurs, qui appartient à la Société des pasteurs et ministres neuchâtelois, sera conservée à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (BPUN) à l’avenir. Le déménagement devrait commencer cet été pour se poursuivre jusqu’à la fin de l’année. La question du transfert de propriété de ce fonds, qui abrite environ 80’000 ouvrages, reste encore à définir. Une donation a été proposée à la BPUN, mais son Conseil de fondation doit encore se prononcer.

Cette solution permet de maintenir sur sol neuchâtelois cet important patrimoine, qui compte des documents précieux comme des bibles d’Olivétan, premières bibles traduites en français et imprimées à Neuchâtel juste après la Réforme. Si la Société des pasteurs et ministres neuchâtelois a su conserver ces trésors au fil des siècles, ceux-ci devraient être encore mieux valorisés à l’avenir, selon Pierre-Henri Molinghen, responsable de la Bibliothèque des pasteurs. Le fonds est en train d’être catalogué, ce qui permettra de mieux connaître son contenu et d’y accéder plus facilement.

Quant à la bibliothèque de la Faculté de théologie proprement dite, elle prendra la direction de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel. Le bâtiment pourrait de son côté être utilisé par le rectorat, mais rien n’est encore clairement décidé.

 

Un enseignement dont les prémisses remontent à la Réforme

Cette fermeture de la Faculté de théologie marque la fin d’une ère. Les premiers enseignements donnés dans le canton de Neuchâtel dans le domaine remontent à la période de la Réforme. Le doyen s’est d’ailleurs permis d’appeler à être critique sur la manière d’envisager l’enseignement universitaire, en faisant attention à ne pas « valoriser que les chiffres, que ce qui marche, car rien ne se démode plus vite que la mode », pour déterminer de la vie ou de la mort d’une formation. /sbe

CHEVRIÈRES Les évangéliques bien implantés

Habillé de cuir, portant ses 62 ans avec insolence, la barbichette blanche encadrant un sourire lumineux, ainsi se présente Michel Catherine, pasteur évangélique de son état (une branche du protestantisme). Il a été nommé en juin 2009 sur le secteur de Chevrières.

Né à Fort-de-France, en Martinique, il est arrivé en métropole à l’âge de six ans avec ses parents, à Bar-le-Duc (Meuse), où il a suivi ses études. Il raconte la suite : «  Issu d’une famille catholique pratiquante, j’ai été servant de messe, me destinant à la prêtrise. Puis un jour, à l’âge de 17 ans, lisant L’Évangile, j’ai eu comme une révélation. » Par la suite, il est allé à la rencontre d’un pasteur évangélique. 

« Les fidèles ont économisé »

Michel Catherine officiait dans la région parisienne, avant Chevrières. «  Mon collègue Olivier Rogez, pasteur à Grigny (Essonne), par ailleurs président de l’association évangélique de Chevrières, m’a parlé de cette commune. Au départ, quelques fidèles se rendaient à Lacroix Saint-Ouen, chez un particulier, pour célébrer l’Évangile. Puis, la municipalité de Chevrières a prêté la salle du Parc durant plusieurs années. »

L’idée a ensuite germé de construire une église évangélique dans le village. «  Les fidèles ont économisé, bénéficiant du prêt gracieux de la salle municipale. En plus de leur apport, ils ont souscrit un prêt de 190 000 euros. »

En présence du maire de l’époque, Marcel Fouet, le samedi 21 novembre 2009, en compagnie de son collègue Olivier Rogez et d’autres pasteurs, Michel Catherine a célébré l’office inaugural de l’église.

Un lieu de culte d’une capacité de 100 personnes

Depuis, la communauté s’est encore développée. Chaque mardi, à 20 heures, ont lieu des réunions de prières. Chaque dimanche, à 10 heures sont célébrés des offices. «  Nous accueillons chaque fois plus de soixante personnes. Durant les célébrations, un orchestre accompagne le groupe de louanges, composé de musiciens jouant de la batterie, de la clarinette, du violon et de la guitare. Un professeur de trompette joue aussi, de même que mon épouse Jeannine, aux claviers. »

Le local abritant l’église est vaste. Hormis le lieu de culte, qui peut accueillir cent personnes, existent une salle de réflexion où se réunissent les jeunes, des vestiaires pour les baptisés, une tisanerie, une salle pour les publications, des toilettes et même une nurserie.

L’Eglise bernoise défend une politique active ne matière de religions

Que les pasteurs bernois ne soient plus salariés par l’Etat, mais par l’Eglise? Le Synode des Eglises réformées de Berne, Jura et Soleure accueille cette proposition favorablement. Mais il ne faut pas que cela soit une mesure d’économie déguisée. Dans un contexte de débat politique régulier sur les rapports entre Eglises et Etat, le Conseil exécutif du Canton de Berne a rédigé un rapport sur cette question. AVant que celui-ci ne soit discuté au grand Conseil, les Eglises reconnues disposaient d’un droit de préavis et proposition. Lesreprésentants des Eglises réformées de Berne, Jura et Soleure, réunis en Synode les 26 et 27 mai, ont discuté de ce document et du rapport des experts de la société Ecoplan et de l’étude Ad! vocate sur les relations entre Etat et Eglises.

Ce rapport Ecoplan/Ad! vocate a été rendu public fin mars. Mardi dernier, les membres du synode ont exprimé un préavis sur cette étude qu’ils remettront au Conseil exécutif. Si le rapport Ecoplan/Ad! vocate «constitue une base solide pour la suite du débat», le synode déplore qu’il se focalise sur des éléments économiques et financiers, laissant une toute petite place à foi et à la spiritualité.

Actuellement, l’Eglise bernoise est encore largement soutenue par l’Etat. Elle est d’ailleurs la dernière de Suisse dont les ministres sont salariés de l’Etat. Mais bien que le rapport des experts démontre que la majorité de la population bernoise (57,7%) est réformée; que plus de deux tiers de la population est représentée par l’une des trois Eglises reconnues (réformée, catholique romaine, catholique chrétienne); et qu’en termes monétaires les prestations fournies à la société par ces Eglises rapportent davantage à la collectivité que ce que ces institutions lui coutent, des voix politiques se font entendre pour repenser les relations Eglises-Etat.

Attitude ouverte face au changement

Que les pasteurs ne soient plus salariés par le canton est la mesure phare du train de proposition de l’exécutif cantonal. Pour Andreas Zeller, président du Conseil synodal (exécutif) de RefBeJuSo, il est probable qu’une majorité de députés aurait pu être trouvée pour s’opposer à cette mesure, mais pour combien de temps? «Nous avons compris les signes du temps et nous pensons qu’il serait bien que l’on se dise prêt à ce changement.» Le Conseil synodal plaidait une attitude ouverte face à ce changement afin que les Eglises puissent y jouer un rôle de partenaire.

Cette position d’ouverture a été largement suivie par le plénum qui encourage le Conseil exécutif à mener une politique active en matière de religions et d’éviter de réduire cette thématique à la seule sphère privée.

Si certains regrettent que l’on mette à mal le rôle de l’Eglise d’Etat issu du Contrat social datant de la Révolution française, d’autres accueillent favorablement cette séparation de l’Etat à l’instar du pasteur Samuel Hug qui se réjouit «de pouvoir être employé par l’Eglise qui l’a consacré et à laquelle il a dit oui».

Un défi pour les services centraux de l’Eglise

Mais ce changement appelle diverses craintes en particulier autour de la pérennité du financement des postes pastoraux. Le Synode a donc cherché une formule adéquate pour demander fermement des garanties financières, sans pour autant faire preuve de méfiance vis-à-vis du canton qui «a toujours été un partenaire fiable», a rappelé le Conseil synodal. Du côté du corps pastoral, en particulier, on craint que cette mesure soit une mesure d’économie déguisée.

Autre point d’inquiétude autour de ce changement de statut pressenti: la question des ressources humaines. Si les pasteurs deviennent employés d’Eglise, ce n’est plus une centaine de salariés sur un seul site, mais près de 500 répartis sur tout le territoire bernois que les services centraux devront gérer. Les structures actuelles ne sont pas adaptées et l’Eglise sait d’ores et déjà que cette question devra être minutieusement reprise si le projet se concrétise. Une aide spécifique pourrait être demandée à l’Etat. – Laurence Villoz et Joël Burri, Protestinfo