Oser dire la vérité quitte à ne plus mettre pieds à l’Eglise, enseigne le dicton populaire Fon, «E do xodjoxo lobo gon yèwéxo mè». Chrétien fervent, Anice Pépé, l’un des meilleurs artistes de musique traditionnelle béninoise n’est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer le commerce de Dieu qui se fait avec la bénédiction des pouvoirs publics à Cotonou dans son titre «Ylando wa mi dé», «Vous péchez».
Marché de dupe
Jésus, le fils de Dieu mort pour racheter les humains du péché, a encore du pain sur la planche sinon, sous. Loin de se repentir, les humains s’ingénient à user de son nom pour commettre des vilenies. Anicet Pépé, artiste musicien béninois s’en désole. «Oh ! Vous qui commercialisez le nom de Jésus, vous péchez», crie l’artiste qui rappelle toute la flagellation qu’a subie le sauveur des chrétiens sur la terre des Hommes. Prévenant qu’il n’aura pas sa langue dans la poche sur le drame qui se joue sous ses yeux, Anice Pépé dénonce la multiplicité des prophètes qui poussent comme des champignons.
«Qu’il plaise à un mouton, il s’autoproclame bon pasteur, prophète oins de Dieu, pour demander qu’on le suive. Qu’il plaise à un porc, il s’autoproclame bon pasteur, prophète oins de Dieu demandant aux fidèles de renoncer au vodoun pour avoir la vie éternelle» constatent l’artiste et son groupe folklorique qui informent que ces prétendus pasteurs sont quotidiennement à la quête de gris-gris pour que se remplissent leurs chapelles. Pour Anice Pépé et ses compagnons de scène, il n’existe plus de véritable chrétien prêt à suivre à la lettre les enseignements du Christ. «Y a-t-il encore de véritable chrétien ici-bas ?» interroge Anice Pépé à qui son chœur répond «Non. C’est un mensonge. Ne nous y trompons pas». Ils en veulent pour preuve les frasques des leaders religieux. «Pasteurs, prêtres ou autres diseurs de bonne nouvelle détournent des épouses, escroquent et vident la bourse». Aussi, font-ils constater que nombre de ces hommes de Dieu s’aventurent en politique. Un lieu que Pépé et ses amis réduisent à un cercle de menteurs. L’ancien ministre de Souza qui a reconnu sur un plateau qu’il appartient à une classe de politiciens menteurs ne les démentira pas. «La parole de Dieu qui est la vérité et le mensonge peuvent-ils cohabiter ?» interrogent-ils. Pour eux, ce sont «des loups vêtus de peau d’agneau».
Le commerce de Jésus
Ce qui irrite Anice Pépé donc, c’est le commerce de Jésus. «Quand nous en verrons, nous en parlerons sur la place publique» met en garde l’artiste ajoutant : « Arrêtez de vous faire de l’argent avec le nom Jésus». Il s’agit en d’autres termes d’une escroquerie de masse où de nombreux Béninois sont grugés comme ce fut le cas avec le scandale Icc-services et consorts. A la seule différence qu’ici, les pouvoirs publics observent un silence complice. Une complicité qui amène l’artiste à se demander comment un véritable adorateur du créateur, un vrai pasteur peut-il avoir des accointances avec des politiciens sans scrupule. L’artiste convaincu d’être en présence de faux pasteurs, rappelle que c’est la manifestation des prédictions faites par Jésus depuis deux millénaires. L’autre désolation de l’artiste, c’est la pollution, marque de fabrique de certaines chapelles chrétiennes qui troublent le repos des citoyens dans leurs rayons. Anice Pépé constate que la relation incestueuse entre hommes de Dieu et politiciens favorise l’impunité observée face à cette forme de pollution. «Des chrétiens condamnent de vaillants citoyens à l’insomnie sans qu’il n’y ait d’autorité pour taper du poing sur la table» indique-t-il faisant remarquer qu’ils se foutent de la santé de leurs voisins. Une situation qui ne devrait perdurer.
Jésus doit réagir
Jésus ne doit pas tarder à réagir. Anice Pépé l’appelle à frapper fort. «Seigneur, Dieu, disperse-les. Ne laissent pas les menteurs se faire de l’argent sur ton dos. Manifeste ta puissance, toi qui es» prie l’artiste qui reconnaît être aussi un pécheur, mais à la différence de ne pas être un «trafiquant de Jésus»