Qu’attendre de cette deuxième session du synode sur la famille ?
En tant que père de famille, enseignant et soucieux de transmettre et de témoigner de l’Evangile du mariage et de la famille, j’espère que le synode qui, rappelons-le, n’est que consultatif, sera l’occasion d’une prise de conscience pour tous les acteurs de la pastorale familiale, notamment en France. En quoi consisterait cette prise de conscience ?
Le constat est là : la beauté et la vérité de l’amour humain dans le dessein de Dieu ne sont pas perçues par nombre de nos contemporains non-chrétiens et sont contestées par nombre de fidèles Beaucoup jugent l’enseignement de l’Eglise sur de tels sujets idéaliste, inhumain, impraticable. Le symbole de cette incompréhension est le refus massif de l’encyclique sur la régulation des naissances (Humane vitae- 1968) du Bienheureux Paul VI. Mais on pourrait aisément étendre le constat à l’ensemble de la « morale sexuelle » de l’Eglise : les relations hors mariage, l’homosexualité, l’accès aux sacrements des divorcés remariés etc.
Ce constat ouvre un défi pastoral que l’on peut prétendre relever de deux manières strictement opposées. Soit on considère que le peuple des fidèles a manifesté par là que cet enseignement est tout au plus un horizon vers lequel il faut progresser mais que c’est fondamentalement à la conscience de chacun de déterminer la manière dont sa vie sexuelle est à vivre sous le regard de Dieu. L’enseignement des derniers papes acquiert alors une modalité optionnelle que ceux-ci excluaient expressément. La pastorale devient ainsi l’accompagnement de chacun pour qu’il puisse concilier au mieux sa vie quotidienne et les « valeurs chrétiennes ».
Soit on considère que ce rejet massif vient précisément d’un manque de pastorale, ou plutôt d’une conception erronée de la pastorale déconnectée de la doctrine. Par exemple, l’Eglise de France a-t-elle tout fait pour transmettre aux fidèles la beauté et la vérité du mariage chrétien telles que saint Jean-Paul II les a méditées et approfondies ? Si tel n’est pas le cas, alors il est temps de les recevoir pleinement et donc de travailler à saisir et à vivre la grandeur de la vie conjugale et familiale telle que Dieu la révèle dans sa Parole reçue dans la tradition et interprétée par le magistère.
Le pape François ne cesse de fustiger une conception « mondaine » de la vie chrétienne. La première branche de notre alternative apparaîtrait ainsi comme une adaptation de la morale chrétienne aux exigences du monde moderne. On voit le résultat d’une telle adaptation dans le protestantisme qui ne semble pas avoir tiré grand profit de s’être mis à la remorque de la normalité sociologique. Mais le pape François ne cesse aussi d’en appeler au « peuple » contre tout ce qui pourrait apparaître comme une élite. Changer de paradigme en matière de morale conjugale permettrait-il alors de « retrouver » le peuple ?
Soyons certains que le pape François exercera au terme de cette consultation sa charge de pasteur. Le pasteur doit prendre soin de son troupeau et le guider vers son Seigneur. Le pasteur est le médiateur du Seigneur dont il reçoit sa mission et sa mesure. Prions pour notre pape bien-aimé et tous ceux qui seront réunis autour de lui pendant ces trois semaines.