Ils sont une douzaine, perdus jeudi dernier dans les couloirs du Grand Séminaire. Ils sont recteurs de communautés chrétiennes d’Orient, discrètes mais bien vivantes, à Paris, Lyon et Marseille. Leurs origines constituent un véritable kaléidoscope. Nous ne connaissons ici que la seule Église latine et catholique mais eux sont issus d’une myriade d’Églises « sœurs ». Leurs visages nous emmènent en Europe (Églises gréco-catholiques d’Ukraine, d’Arménie ou de Roumanie), au Moyen-Orient (Églises Copte, Syriaque, Chaldéenne, Maronite), en Afrique (Églises Éthiopienne et Érythréenne) et jusqu’en Inde (Églises Malabare et Malankare) !
« Nous sommes vos racines »
Certains ont un évêque établi en France. La plupart sont réunis dans un « ordinariat » dont l’Archevêque de Paris (Mgr André Vingt-Trois) est le pasteur, aidé dans sa tâche par un vicaire général, Mgr Pascal Gollnisch (notre photo), qui est aussi directeur général de l’Œuvre d’Orient (*). « Nous nous retrouvons une fois par an, dit ce dernier, nous le faisions jusqu’à présent à Paris, Lyon ou Marseille… Mais nous avons été attirés par Lille ! » Il précise dans la foulée qu’ils ont eu beaucoup de plaisir à rencontrer l’archevêque de Lille, Mgr Ulrich, et… il se tait. Il libère la parole de ses prêtres.
Alors les mots sont forts. « Vous avez la chance de vivre dans un pays de liberté, lance Élie Wardi (Église Syriaque, Paris), saisissez-la pour pratiquer votre religion ! » Son voisin va plus loin : « Vous les Français, vous imaginez que les chrétiens d’Orient sont tous des musulmans convertis à la chrétienté ! C’est l’inverse : nous sommes chrétiens depuis toujours, nous sommes vos racines ! » Un autre rebondit sur le propos : « Venez vous ressourcer auprès de nous ! » La leçon est fraternelle. Mais elle est sévère, et régénérante !