Le pasteur David Yonggi Cho était connu jusqu’à présent dans le monde pour avoir fondé et développé en Corée du Sud la plus grande megachurch pentecôtiste au monde, l’église Yoido Full Gospel. Le nom de Yonggi Cho sera désormais aussi associé à l’abus de confiance, la corruption et l’évasion fiscale.
Déjà condamné en février 2014 à trois ans de prison (dont cinq années de probation), ce pasteur aujourd’hui âgé de 80 ans et retraité vient en effet d’être à nouveau condamné par la Haute cour de Séoul à payer 4,3 millions d’euros d’amende.
Sûr que Dieu pardonne
Selon des sources proches du dossier, le pasteur Yonggi Cho aurait ordonné à son église, en 2002, d’acheter des stock-options pour son fils aîné à un prix correspondant à quatre fois le prix du marché. L’opération a mal tourné, entraînant la perte de 11 millions d’euros pour l’église. Accusé d’abus de confiance, il a également été reconnu coupable d’avoir permis l’évasion fiscale de 3 millions d’euros.
Son fils aîné Hee-jun Cho, ancien PDG de l’église affiliée Kookmin Ilbo, a lui aussi été condamné à trois ans de prison pour complicité avec son père pour détournement de fonds.
En 2014, lors de sa première condamnation, l’ancien pasteur de Yoido Full Gospel avait reconnu ses fautes et déclaré qu’il était sûr que « Dieu pardonne… Si Dieu me rappelle aujourd’hui je serai en mesure d’être accueilli dans le Royaume de Dieu. »
Guéri « par Jésus » de la tuberculose
Forte de près d’un million de fidèles à travers la Corée, l’église Yoido Full Gospel affiche 447 temples régionaux, 625 pasteurs, 700 missionnaires à travers le monde et des dizaines d’instituts d’éducation, de mission, de musique, de finances… Chaque dimanche, dans l’immense temple de Séoul, sept cultes se succèdent… avec 12 000 fidèles à chaque fois !
C’est en 1958, cinq ans après la guerre de Corée (1950-1953), que David Yonggi Cho l’a fondé, peu après avoir obtenu son diplôme de théologie, en affirmant qu’il avait été « guéri par Jésus » à 17 ans de la tuberculose.
Ayant commencé à prêcher la Bible « sous une tente », avec sa belle-mère et coéquipière, Choi Ja-Shil, elle aussi pasteur, Yonggi Cho a su peu à peu transformer son temple en un business… En 2011, il avait passé la main au pasteur Youghoon Lee, son fils spirituel, mais de l’avis de beaucoup, il restait très influent dans le pays, tant économiquement que politiquement.
À l’automne 2011 déjà, Yonggi Cho avait fait l’objet d’une enquête fiscale pour un détournement présumé de plusieurs millions d’euros. Ce que le pasteur avait fermement nié, dénonçant une « campagne de diffamation »… Il faut dire que jusqu’en 2012, la loi sud-coréenne n’imposait pas les revenus des responsables chrétiens et bouddhistes et ne soumettait pas les propriétés des églises et des temples à la taxe foncière.
Claire Lesegretain