… et développé en Corée du Sud la plus grande megachurch pentecôtiste au monde, « l’église du plein évangile à Yoido » ou Yoido Full Gospel Church. Le nom de Cho Yonggi sera désormais aussi associé à l’abus de confiance, la corruption et l’évasion fiscale, rapporte la journaliste Claire Lesegretain dans la lettre Urbi & Orbi datée du 27 janvier.
Déjà condamné en février 2014 à trois ans de prison (et cinq années de probation), ce pasteur aujourd’hui âgé de 80 ans et retraité vient en effet d’être à nouveau condamné par la Haute Cour de Séoul à payer 4,3 millions d’euros d’amende.
Selon des sources proches du dossier, le pasteur Cho Yonggi aurait ordonné à son église, en 2002, d’acheter des stock-options pour son fils aîné à un prix correspondant à quatre fois le prix du marché. L’opération a mal tourné, entraînant la perte de 11 millions d’euros pour l’église. Accusé d’abus de confiance, il a également été reconnu coupable d’avoir permis l’évasion fiscale de 3 millions d’euros.
Son fils aîné Cho Hee-jun, ancien PDG de l’église affiliée Kookmin Ilbo, a lui aussi été condamné à trois ans de prison pour complicité avec son père pour détournement de fonds.
En 2014, lors de sa première condamnation, l’ancien pasteur de Yoido Full Gospel avait reconnu ses fautes et déclaré qu’il était sûr que « Dieu pardonne… Si Dieu me rappelle aujourd’hui, je serai en mesure d’être accueilli dans le Royaume de Dieu ».
Forte de près d’un million de fidèles à travers la Corée, l’église Yoido Full Gospel affiche 447 temples régionaux, 625 pasteurs, 700 missionnaires à travers le monde et des dizaines d’instituts d’éducation, de mission, de musique, de finances… Chaque dimanche, dans l’immense temple de Séoul, sept cultes se succèdent… avec 12 000 fidèles à chaque fois !
C’est en 1958, cinq ans après la guerre de Corée (1950-1953), que David Cho Yonggi l’a fondé, peu après avoir obtenu son diplôme de théologie, en affirmant qu’il avait été « guéri par Jésus » à 17 ans de la tuberculose.
Ayant commencé à prêcher la Bible « sous une tente », avec sa belle-mère et coéquipière, Choi Ja-Shil, elle aussi pasteur, Cho Yonggi a su peu à peu transformer son temple en une affaire rentable… En 2011, il avait passé la main au pasteur Lee Young-hoon, son fils spirituel, mais de l’avis de beaucoup, il restait très influent dans le pays, tant économiquement que politiquement.
A l’automne 2011 déjà, Cho Yonggi avait fait l’objet d’une enquête fiscale pour un détournement présumé de plusieurs millions d’euros. Ce que le pasteur avait fermement nié, dénonçant une « campagne de diffamation »… Il faut dire que jusqu’en 2012, la loi sud-coréenne n’imposait pas les revenus du clergé, quelle que soit l’appartenance religieuse de celui-ci, et ne soumettait pas les propriétés des églises et des temples à la taxe foncière. Depuis 1994, par souci d’équité et de transparence, l’Eglise catholique avait toutefois pris l’initiative de demander à ses prêtres et évêques de se soumettre volontairement à l’impôt.
(La Croix/C. Lesegretain/eda/ra)