Matchs de foot, vacances au soleil, dîners gargantuesques: les révélations sur les loisirs dispendieux de l’Église luthérienne de Suède jettent le discrédit sur cette institution financée par l’impôt, en proie à la fuite des ouailles.
Au prétexte de “bâtir des ponts culturels” ou de “renforcer la cohésion” entre leurs membres, des paroisses des quatre coins du royaume scandinave ont dépensé des fortunes en séjours à l’étranger, ont révélé mardi la radio SR (publique) et le quotidien Aftonbladet.
A titre d’exemple, la paroisse de Botkyrka, une banlieue pauvre de Stockholm, a dépensé depuis 2010 la bagatelle de 2,8 millions de couronnes (300.000 euros) en voyages divers et variés. Il s’agissait, explique-t-on, de “préserver l’unité et la communauté au sein de la paroisse”.
En 2014, 99 personnes appartenant à la paroisse de Huddinge, une commune de l’agglomération stockholmoise, ont participé à une conférence de cinq jours dans une station balnéaire sur l’île de Malte.
Motif: faire connaissance avec le nouveau pasteur. La facture de cette villégiature s’est élevée à 800.000 couronnes, soit le double du produit de la quête cette année-là.
“Il fallait bien faire quelque chose à l’occasion de l’arrivée de notre pasteur. Nous avons tous eu l’opportunité de le rencontrer et lui de rencontrer ses collaborateurs”, a justifié la présidente du conseil paroissial, Barbro Bergstedt.
Le responsable d’une paroisse de Varberg (sud-ouest), à qui les journalistes demandaient en quoi assister à des matchs de Premier League à Londres profitait aux serviteurs de l’Église, a répondu qu’ils avaient souhaité comparer les rites de la messe et du ballon rond.
Eva Brunne, évêque de Stockholm, a tapé du poing sur l’autel et jugé “inacceptables” les voyages non motivés par des objectifs “d’échanges internationaux”.
L’Église luthérienne suédoise était religion d’État jusqu’en 2010. 6,2 millions de Suédois, soit 63% de la population, en sont toujours membres et versent à ce titre un impôt prélevé automatiquement sur leur salaire.
L’Église subit toutefois une véritable hémorragie de fidèles depuis plusieurs années dans un pays parmi les plus sécularisés du monde avec seulement 8% de pratiquants déclarés.