Les églises baptistes ne blâment pas Guillot

Troublée par les révélations découlant de l’arrestation du pasteur baptiste Claude Guillot, accusé d’avoir maltraité et séquestré au moins cinq jeunes fidèles à Québec et à Victoriaville, l’Association d’églises baptistes évangéliques au Québec (AEBEQ) émet neuf recommandations afin d’éviter qu’un tel drame ne survienne à nouveau… mais ne blâme absolument personne pour les gestes passés.

Lorsque Claude Guillot a été arrêté en décembre 2015 pour avoir imposé des sévices à cinq garçons dans les années 80 et 2000, Le Journal avait révélé que de hauts dirigeants de l’AEBEQ savaient depuis des années que l’accusé avait un comportement dictateur et violent.

Guillot avait été congédié dans les années 80 d’une école baptiste de Victoriaville pour avoir frappé au moins un enfant à coups de palette en bois lorsqu’il était directeur. Il avait toutefois été accueilli à Québec, où il a été formé comme pasteur avant de prendre la tête en 1990 de l’église Québec-Est (voir encadré).

« Maladresse et négligence »

À la suite des révélations du Journal, l’AEBEQ a entamé une enquête interne. Une quinzaine d’individus ont été rencontrés durant quatre mois. Conclusion? Les démarches menées à l’époque concernant les agissements de Claude Guillot n’ont pas été faites en «profondeur»… mais tous ont agi de bonne foi.

«Il n’y a pas de responsabilité basée sur une malversation ou une mauvaise intention ou dans le but de cacher. Ce n’est pas ça qui ressort. C’est des maladresses, des oublis, de la négligence», explique Normand Charest, président du conseil d’administration de l’AEBEQ.

« Pas outillée pour enquêter »

Ce faisant, la seule personne à blâmer serait Claude Guillot, qui fait déjà face à la justice et qui doit revenir en cour aujourd’hui. M. Charest reconnaît toutefois que le comportement de l’ancien pasteur et le manque de suivi de son organisation ont eu des conséquences néfastes chez les victimes alléguées. Il s’en dit «attristé au plus haut point».

Il reconnaît tout de même que son organisation n’était pas outillée adéquatement pour enquêter sur les «rumeurs» entourant le comportement du pasteur. «La seule chose qui a été faite, c’est de rencontrer la personne qui faisait l’objet d’allégations. On n’a jamais fouillé autour ni à la source», dit-il.

À l’avenir donc, les antécédents des futurs pasteurs feront l’objet d’enquêtes et ceux-ci auront des mentors.

M. Charest recommande aussi la mise en place d’une plate-forme pour traiter les plaintes devant un comportement inadéquat.

LA SAGA CLAUDE GUILLOT

  • 1984: Il est congédié par l’AEBEQ d’une école baptiste de Victoriaville pour avoir battu des élèves.
  • 1990: Il devient pasteur de la nouvelle église baptiste Québec-Est, dans la capitale.
  • 1993: L’AEBEQ est informée de l’intransigeance, de l’esprit sectaire et du contrôle excessif de Guillot.
  • 1999: L’AEBEQ entend des «rumeurs» selon lesquelles il disciplinerait physiquement des enfants.
  • 2003: Le pasteur quitte de lui-même l’AEBEQ et poursuit ses activités de façon indépendante à Québec-Est.
  • 2015: Il est accusé de voies de fait, de voies de fait armées, de voies de fait causant des lésions et de séquestration envers cinq garçons pour des gestes posés entre 1983 et 2014, à Québec et à Victoriaville.