Anaïs MORAN
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«Vous vous occupez de la paroisse en attendant qu’il y ait quelqu’un ? ». Cette question, Madame le pasteur la connaît trop. Pourtant, dans sa confession protestante, plus d’un tiers des ecclésiastiques sont des femmes. « Luther a toujours insisté sur l’égalité sociale et sexuelle, mais bon, il y a toujours des remarques déplacées et des mentalités désuètes ». Lorsqu’elle arrive à son premier poste, en 1979, mariée et mère de deux enfants, dans la paroisse de Saint-Jean-d’Angély, les remarques fusent. « Ça ne faisait même pas vingt ans que l’église réformée avait accepté les femmes en son sein », explique-t-elle, sourire aux lèvres.
Depuis, elle est passée à la tête de trois paroisses dans la région de Montbéliard entre 1986 et 2010, avant de revenir ici, sur les terres charentaises. Juillet 2011, elle devient la première femme pasteur de l’histoire de l’île de Ré et La Rochelle.
« Je ne me voyais pas pasteur »
Pourtant, sa vocation de pasteur, elle affirme ne jamais l’avoir eue. « Je suis plutôt timide, je me mets souvent en retrait. Prêcher devant du monde, c’était impensable. Je ne me voyais pas pasteur », s’amuse-t-elle à raconter. Avec des études de théologie à Strasbourg puis à Montpellier et un père pasteur de métier, difficile d’y croire. « C’est vrai, cela m’a toujours intéressée. J’ai commencé par étudier les lettres classiques. Mais très vite, je me suis tournée vers la théologie ».
Mme Seckel vit dans l’enceinte de la paroisse de La Rochelle. Mais sa responsabilité n’est pas moindre sur Ré. Malgré l’aide de pasteurs retraités ou de laïcs solidaires, elle est seule en poste.
Travail à temps plein
Tous les dimanches, elle part célébrer le culte au temple de Saint-Martin, place de la République. Sur l’île, 80 familles sont répertoriées à l’Église protestante unie de France. « Je m’occupe aussi hebdomadairement de l’école biblique pour leurs enfants. Avec le clergé catholique rétais, nous organisons des groupes œcuméniques qui permettent aux adultes de s’initier à la lecture des textes ».
L’été, à Pâques ou pour Noël, le nombre de paroissiens quadruple. « Forcément, ce sont mes temps forts durant l’année ». Entre la préparation des prédications, les rendez-vous quotidiens et hebdomadaires, il faut s’occuper des baptêmes et demandes de mariages « quelques fois un peu farfelus sur l’île de Ré ». Les années passent, mais Marianne Seckel s’implique et travaille toujours aussi bien. Tous les six ans, deux membres du conseil régional de son église sont envoyés pour apprécier son travail au sein de la paroisse. « Je n’ai jamais eu de problèmes ». A l’automne 2016, elle vivra sa dernière évaluation. « J’espère que ma carrière se finira sur une bonne note ! » Parce que oui, dans deux ans, elle prendra sa retraite. Et sa bienveillance et son ouverture d’esprit manqueront certainement à beaucoup.