«La place du pasteur dans la société joue un rôle important, mais il y a aussi le changement institutionnel. Jusqu’en 2006, c’était l’Etat qui était employeur et maintenant c’est l’Eglise», rappelle le secrétaire général de la Ministérielle, l’organisation professionnelle des pasteurs et diacres de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), dans une interview de Protestinfo publiée samedi par La Liberté.
«Et ce changement-là s’est fait sans avoir une modification fondamentale dans la gestion des ressources humaines. Bref, on est dans une configuration où, sans que la structure de l’Eglise ait changé fondamentalement, c’est désormais l’Office des ressources humaines (ORH) qui devient le garant – en fait, le responsable – des mouvements de postes», explique-t-il.
Risque d’arbitraire
«Lorsqu’il y a une situation de ressources humaines difficile, tendue, dans laquelle le Conseil synodal comme employeur doit intervenir, il ne le fait que sur la base du compte-rendu d’une ou deux personnes de l’ORH. L’exécutif ne rencontre pas le collègue en question quand il prend sa décision.»
«C’est vraiment problématique, car le risque d’arbitraire est plus élevé. Heureusement, cette grosse difficulté va être palliée par la création de la commission de traitement des litiges», relève Alain Martin.
«On a cinq ou six situations de conflits ces derniers temps. On pourrait se dire que c’est peu sur 250, mais cela représente quand même 2-3%. Et puis, il y a des situations où j’accompagne des collègues qui se sentent peu entendus ou maltraités par l’ORH: rien que pour les deux dernières années, il y en a eu une vingtaine. Cela fait déjà 10% de collègues qui sont en difficulté».
Pas des enfants gâtés
Le secrétaire général ne croit pas que les pasteurs sont des enfants gâtés. «Bien sûr que l’on a une situation qui relativement privilégiée. Nous avons une convention collective et des conditions de travail qui, sans être très favorables aux personnes employées, posent un certain nombre de protections. Ce cadre est largement inspiré du règlement du personnel de l’Etat de Vaud, c’est de là que l’on vient.»
Pour mémoire, le pasteur lausannois Daniel Fatzer a récemment mené une grève de la faim de 23 jours, suite à son licenciement. Il avait été démis de ses fonctions avec effet immédiat après avoir pris la défense, lors d’un culte diffusé sur Espace 2, d’un collègue récemment licencié. Il avait également mis en cause un des membres des autorités ecclésiales. (ats/nxp)
(Créé: 06.08.2016, 12h55)