Les visites de pasteurs et curés dans les classes vaudoises sont remplacées à la rentrée par la présence d’un théologien de référence dans les établissements scolaires. Jean-Baptiste Lipp, pasteur et coordinateur du projet pour l’Eglise réformée vaudoise, parle du projet en élaboration
Fin d’une époque, la traditionnelle visite du pasteur dans les classes vaudoises n’est plus. Dès cet automne, chacun des 90 établissements scolaires vaudois se verra attribuer un théologien de référence, une personne ressource pour les enseignants du cours d’éthique et cultures religieuses qui avait remplacé, il y a trois ans déjà, le cours d’histoire biblique dispensé aux élèves du canton. La forme change et pour le coup le fond aussi. « Il y a un travail théologique à faire en répondant aux questions des enseignants relatives au cours d’éthique et cultures religieuses. Il y a aussi un travail pastoral qui peut être proposé lors d’un décès ou d’une crise existentielle rencontrés dans une classe », explique Jean-Baptiste Lipp, pasteur à Belmont-Lutry et coordinateur du projet pour l’Eglise réformée vaudoise. A la double casquette s’ajoute un changement de posture. « Le ministre ne s’invite plus dans les classes. Il est à disposition et peut être invité à l’initiative du corps enseignant. » Un signal positif est envoyé en direction des milieux scolaires qui voyaient parfois ces visites d’un mauvais œil, car assimilées à une vérification du travail, mais aussi aux parents qui pouvaient craindre le prosélytisme. « Les ministres se retirent au profit d’un cours obligatoire délivré sans soupçon, qui vise à réguler une interconnaissance des religions et entre les élèves, en phase avec la société d’aujourd’hui », commente le pasteur favorable à cette proposition faite par les Eglises réformée et catholique au Canton. Cette nouvelle décision permet donc la mise à disposition de personnes ressources par les Eglises reconnues comme institutions de droit public dans l’école obligatoire. Le principe de subsidiarité est conservé. On trouvera donc dans les établissements vaudois des théologiens réformés ou catholiques qui s’exprimeront au nom des deux Eglises, missions communes obligent. Jean-Baptiste Lipp imagine volontiers que, malgré cette rupture, ce seront dans les écoles en partie les mêmes pasteurs – théologiens par définition – qui seront chargés des visites. De leur côté, les enseignants gardent la responsabilité du cours donné aux élèves, en s’appuyant sur le matériel créé par les Editions Agora, fournisseur officiel de la discipline. Malgré nos demandes, Serge Martin, directeur adjoint de l’Ecole obligatoire du Canton de Vaud, n’a pas souhaité s’exprimer à ce stade sur ces questions.
// Marie Destraz
Un cours adapté à la réalité vaudoise
Un cours adapté à la réalité vaudoise Les écoles vaudoises misent sur l’interreligieux depuis trois ans avec le cours d’éthique et cultures religieuses
Le cours d’éthique et cultures religieuses est au programme des élèves vaudois de primaire et secondaire depuis la rentrée 2013, remplaçant le cours facultatif d’histoire biblique. L’objectif est d’offrir aux élèves une connaissance des différentes cultures religieuses et de leur permettre de se placer dans le contexte interreligieux actuel. La tradition judéo-chrétienne reste la base de l’enseignement, mais l’accent est mis sur la connaissance des autres religions. De l’apprentissage des religions, les élèves passent à des réflexions sur des valeurs humanistes, traité de façon neutre sous un angle historique.
// M.D.