Photo: JUAN ANTONIO BORREGO
Pendant un quart de siècle, l’organisation IFCO/Pasteurs pour la Paix a fait don à Cuba (et à beaucoup d’autres pays) de tout genre de matériel : médicaments, véhicules, fournitures scolaires…
Selon Gail Walker, directrice exécutive de cette organisation, ces actions doivent être perçues comme un témoignage d’amour et de solidarité envers le peuple cubain, et contre le blocus qui est imposé à l’Île.
Les Pasteurs pour la Paix travaillent sans aucun but lucratif et, le propre gouvernement des États-Unis l’a considéré comme « une organisation qui organise des collectes d’argent ou mène des actions au service d’une cause spécifique ou de plusieurs causes ».
Ce statut exemptait les Pasteurs pour la Paix du paiement d’impôts.
« C’est pourquoi, cela n’a aucun sens que pour notre travail avec Cuba l’Internal Revenue Service (IRS, l’agence du gouvernement des États-Unis qui collecte l’impôt sur le revenu et des taxes diverses) veuille nous priver de notre statut d’organisation sans but lucratif », soulignait Gail Walker dans une interview avec la journaliste Rosa Miriam Elizalde, du site Cubadebate.
« Tout portait à penser que le président Barack Obama, du fait de son opposition à l’ “embargo”, respecterait le travail d’IFCO/Pasteurs pour la Paix. Mais la réalité, c’est que malgré la nouvelle approche sur Cuba que partagent de nombreux secteurs aux États-Unis, cette attention assez particulière suscitée par Cuba n’a pas été totalement bénéfique à l’Île ou à ses amis. Il faut reconnaître qu’aux États-Unis il existe une campagne visant à étouffer Cuba et ses principes révolutionnaires », a-t-elle ajouté.
« Si l’IRS parvient à nous enlever ce statut, notre organisation devra payer des impôts sur les revenus qu’elle reçoit des donateurs et elle verra son budget amputé et son avenir gravement compromis », a indiqué Walker.
De plus, elle a ajouté que certains des donateurs réduiraient leur donation ou cesseraient de la faire s’ils ne peuvent pas bénéficier, comme le prévoit la loi, d’une exonération d’impôts pour contribution humanitaire.
Elle a expliqué que pour mener à bien leurs projets, ils devront recourir à d’autres sponsors ayant un statut intact.
« C’est pourquoi nous avons demandé de l’aide à notre réseau de soutien pour certaines tâches, dont la signature d’une pétition numérique adressée au président Barack Obama, au président de la Commission de l’IRS, John Koskinen, et à une dizaine de membres du Congrès qui ont défendu des positions progressistes et se sont déclarés en faveur d’une amélioration des liens avec l’Île », a-t-elle affirmé.
« Nous avons l’espoir qu’un grand nombre de signataires nous permettra de dénoncer et de faire part de cette attaque insensée à nombre de législateurs qui se sont déjà prononcés en faveur de la levée du blocus ».
« Cependant, malgré les sanctions que nous appliquera le gouvernement des États-Unis, nous serons toujours aux côtés de ceux qui souffrent et nous resterons fermes dans notre mission qui consiste à assister les dépossédés et lutter contre les injustices humaines et les violations des droits civiques.
LA RÉPONSE DE CUBA
Comme il fallait s’y attendre, Cuba n’a pas tardé à manifester son soutien aux Pasteurs pour la Paix.
Ainsi, l’Institut cubain d’amitié avec les Peuples (ICAP), a rendu public un message condamnant cette situation et exhortant « tous les amis du monde à se joindre au soutien solidaire à cette organisation humanitaire ».
« Nous nous solidarisons avec nos frères d’IFCO/Pasteurs pour la Paix, qui (…) ont mené de nombreux projets sociaux et communautaires en faveur des classes pauvres aux États-Unis et à l’étranger, et ont bravé le blocus imposé pendant plus de 50 ans par ce gouvernement à notre pays », est-il signalé dans le communiqué paru sur le site de l’ICAP.
Le document ajoute que des organisations comme celle-ci « sont nécessaires dans ce monde marqué par les guerres et les injustices sociales », et qu’ « une attaque contre IFCO est une attaque contre la solidarité ».
Précisément, l’éducation a été l’un des principaux secteurs bénéficiaires des actions bénévoles d’IFCO/Pasteurs pour la Paix, qui ces dernières années lui a fait don d’importantes quantités de matériel scolaire », a déclaré à Granma Cira Piñeiro Alonso, première vice-ministre de ce secteur.
Elle a précisé que l’éducation technique et professionnelle a reçu du matériel de soutien à l’apprentissage, des ressources et des outils pour le développement des habiletés dans les écoles des métiers, et que des dons de bus scolaires ont été remis par les Pasteurs pour la Paix aux écoles spéciales.
Cette organisation a également fait don de cahiers, de crayons, feutres, articles de papeterie, kits de découpage et jouets, entre autres matériels aux garderies et aux jardins d’enfants.
Selon Piñeiro, ces ressources ont permis à l’État cubain de palier certaines pénuries découlant du blocus, qui entravent l’acquisition de matériel indispensable pour l’enseignement, ce qui fait que l’éducation cubaine se joint à la gratitude et aux témoignages de solidarité avec la cause des Pasteurs pour la Paix.