On le dit souvent en panne ou trop institutionnel. L’œcuménisme se trouve toutefois de nouvelles voies très concrètes, comme à Orléans. Dans ce diocèse du Centre-Val de Loire, où se perpétue une forte tradition de partage œcuménique, « le choix a été fait de partir de nos expériences pastorales, de nos pratiques quotidiennes pour nourrir notre foi et notre connaissance de l’autre », explique le P. Dominique Panis, membre de l’équipe d’animation du Centre œcuménique d’Orléans.Fin novembre, une trentaine de prêtres et de pasteurs de l’agglomération d’Orléans (Loiret) s’était donné rendez-vous à Saint-Benoit-sur-Loire pour échanger sur les approches théologiques et la pastorale du mariage des Églises protestantes, orthodoxes et catholiques.Le principe de cette réunion annuelle, créée il y a trois ans, plaît beaucoup au pasteur Emmanuel Alvarez, représentant de l’Église évangélique libre des Blossières, dont les études théologiques « très dogmatiques » l’ont tenu à l’écart des pratiques des autres confessions. « Là, c’est très concret. Aujourd’hui, nous abordons la pastorale du mariage comme nous l’avons fait dans le passé sur le baptême. Le partage d’expériences sur ces sujets qui nourrissent nos quotidiens va m’aider sur le terrain. Nos différences ? Il faut en parler ! »Lire aussi :Les nouvelles voies de l’œcuménismeLe P. Olivier de Scitivaux, curé de la paroisse de Cléry-Saint-André, retient de cette journée qu’il y a « beaucoup de catéchèse à faire » pour accompagner les couples dans leur projet de vie commune, s’inspirant des orthodoxes et des protestants « qui vont beaucoup plus loin que nous dans ce domaine ».« Je célèbre chaque année 25 à 30 mariages »Mais en dépit de cette volonté, il se heurte à des difficultés auxquelles les pasteurs et les prêtres orthodoxes sont, sans doute, moins exposés : « Dans nos communautés, les réalités sont très différentes. Il nous manque le temps pour bien faire les choses. Je célèbre chaque année 25 à 30 mariages alors que, dans le même temps, un pasteur ne suit que cinq ou six couples. J’essaie de garder un lien avec tous les couples que j’ai accompagnés mais c’est évidemment difficile ». Le cheminement spirituel des couples lui paraît d’autant plus indispensable qu’il rencontre trop souvent des personnes éloignées de toute pratique religieuse, mais désireuses de se marier à l’église « pour faire plaisir à la famille ou au conjoint ».Pasteur à Orléans, Agnès Lefranc observe, elle aussi, que malgré les approches très différentes du mariage – sacrement pour les catholiques et les orthodoxes et bénédiction du mariage civil pour les protestants – les mêmes problématiques pastorales s’imposent à l’ensemble des communautés : « Les mariages sont finalement plus souvent l’occasion d’une évangélisation que d’un véritable cheminement entre deux personnes croyantes et engagées ». Pour encourager les couples à nourrir leur foi, Mgr Jacques Blaquart, évêque d’Orléans remet une Bible aux jeunes mariés, « une pratique, partagée par d’autres prêtres, qui nous vient des protestants ».« Certains mariages sont célébrés trop rapidement »Nommée l’an dernier pasteur de l’Église réformée dans la capitale du Centre-Val de Loire, Agnès Lefranc vivait sa première réunion œcuménique, ne cachant pas son admiration pour cette initiative, qui contribue à faire « tomber beaucoup de barrières et de préjugés ». Ces ateliers vont l’aider dans l’accompagnement des couples. « Le mariage interconfessionnel est, par exemple, une question concrète à laquelle nous ne répondons pas toujours de façon satisfaisante. Ces situations créent parfois de l’amertume et certains mariages sont célébrés trop rapidement. ».Quiz : Que savez-vous de l’œcuménisme ?Et inversement, elle a le sentiment d’avoir aidé les prêtres catholiques sur la question des couples divorcés : « Notre façon, dans le monde protestant, d’accueillir tous ceux qui souhaitent démarrer une nouvelle union, interpelle le monde catholique, qui est d’ailleurs en pleine réflexion autour de ce sujet. »Chacune des communautés ressent un fort besoin de revisiter les fondements de la foi, comme l’exprime le P. René Boulet, l’un des deux représentants de l’Église orthodoxe : « Le mariage est une union à trois, entre Dieu et les époux. C’est pourquoi nous donnons un sacrement pour demander l’action de Dieu dans le couple »._____________________________________Une semaine de célébrations et de rencontresChaque année, le principal temps fort œcuménique se vit lors de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui, depuis 1908, rassemble des chrétiens de toutes confessions du 18 au 25 janvier. Le thème 2017, une parole de réconciliation tirée de saint Paul, « l’amour du Christ nous presse » (2 Corinthiens 5,14-20), servira de fil rouge à de nombreuses célébrations œcuméniques, rencontres et conférences, prévues partout en France à partir d’aujourd’hui. Parmi celles-ci, on peut citer :– Jeudi 19 janvier, conférence à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) sur le thème : « catholiques et protestants peuvent-ils célébrer ensemble la Réforme de 1517 ? », par le dominicain Franck Lemaitre (la cave aux huiles, place des Martyrs de la Résistance).– Vendredi 20 janvier, veillée de prière œcuménique à Notre-Dame du Travail (Paris 14e), avec lavement des pieds mutuel.– Samedi 21 janvier, après-midi d’animation, de partage, de prière et d’écoute « All for Jésus-Tous pour Jésus », à la Halte de Vaise, à Lyon (Rhône), avec le pasteur Jane Stranz, déléguée nationale à l’œcuménisme pour la Fédération protestante de France et le P. Pierre Lathuilère, théologien, membre du groupe des Dombes.– Dimanche 22 janvier, échange de chaires à Strasbourg (Bas-Rhin) des paroisses de la cathédrale et du Temple Neuf lors du culte de 9 h 45 et de la messe de 11 heures.– Mercredi 25 janvier, célébration œcuménique à l’église orthodoxe de Saint-Raphaël (Var).