Le 27 janvier dernier, Donald Trump signait un décret suspendant l’admission aux États-Unis des ressortissants de 7 pays du Moyen-Orient, pour une durée de 3 mois. Le décret spécifiait aussi qu’une préférence serait accordée aux minorités religieuses persécutées, dont les chrétiens.
Cette annonce, jugée discriminatoire, avait immédiatement suscité une vague de protestation dans le pays et dans le monde entier. Le 3 février, un juge fédéral de Seattle, dans l’Etat de Washington, avait émis une injonction temporaire bloquant l’application du décret. Le recours en appel de l’administration Trump avait ensuite été rejeté par la cour d’appel de San Francisco. Le cabinet présidentiel prévoit toutefois de mener à son terme le projet de décret.
Parallèlement aux multiples réactions politiques, certains responsables religieux parmi les chrétiens d’Orient avaient émis des réserves quant à l’idée même de “préférence” accordée aux chrétiens.
«Toute politique d’accueil qui discrimine les persécutés et les souffrants sur base religieuse finit par nuire aux chrétiens d’Orient… Il est un piège… Nous ne voulons pas de privilèges.»
Plus de 700 leaders religieux, éducateurs, intellectuels, entrepreneurs ou défenseurs des droits et des libertés de toutes les religions, avaient envoyé une lettre ouverte à Donald Trump le pressant d’agir pour la défense des libertés religieuses dans le monde. Selon eux, les pays ayant une politique d’inclusion de toutes les religions sont “moins soumis à la violence” et “moins susceptibles d’exporter le terrorisme ».
Mercredi 8 février, dans un geste très inhabituel, une centaine de dirigeants évangéliques conservateurs ont publié une lettre destinée au Président Trump et au vice-président Pence, sur le Washington Post. Par ce courrier, ils entendent dénoncer le décret interdisant temporairement l’entrée dans le pays des réfugiés de certains pays.
“En tant que pasteurs et leaders chrétiens, nous sommes profondément concernés par la récente annonce de moratoire sur l’accueil de réfugiés… Notre fardeau pour celui qui est oppressé ou qui souffre prend racine dans l’appel de Jésus ‘d’aimer notre prochain comme nous-même’… En tant que chrétiens, nous avons un appel historique exprimé il y a plus de 2000 ans, pour servir la souffrance. Nous ne pouvons pas abandonner cet appel maintenant. Nous vivons dans un monde dangereux et affirmons le rôle crucial du gouvernement, pour nous protéger du mal et fixer les modalités d’admission des réfugiés. Cependant, la compassion et la sécurité peuvent coexister, comme elles l’ont fait depuis des décennies»
Parmi les signataires de cette lettre, on retrouve les noms de ministères évangéliques des grandes églises ou d’institutions des 50 états, tels que Tim et Kathy Keller, Ed Stetzer, Daniel Akin et l’auteur Max Lucado. Pour Scott Arbeiter, le président de l’organisation World Relief à l’origine de l’initiative :
“Il n’est pas nouveau pour l’église d’utiliser sa voix au nom de ceux qui n’en ont pas. Cela fait partie de notre appel historique et de notre identité. Et pendant près de quatre décennies, World Relief a aidé des milliers d’églises et des dizaines de milliers de bénévoles à répondre à cette appel par l’accueil des réfugiés. Cette lettre est la preuve que l’Église ne renoncera pas à sa vocation.”
Depuis la publication, environ 5000 personnes ont déjà ajouté leur nom à la lettre ouverte, transformée en pétition sur World Relief.
La rédaction
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