Prêtre du diocèse de Dapaong, au Togo, P. Gustave Wanme est docteur en communication, ayant soutenu une thèse sur « La médiatisation de l’Afrique dans la presse française : le cas emblématique de la Côte d’Ivoire (1990-2006) » à l’Université de Lille 3.
Il confie à Urbi & Orbi Africa, sa mission de porte-parole des évêques et analyse les médias catholiques du pays.
Vous êtes secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques du Togo depuis 2010. Quelle est votre mission ?
P. Gustave Wanme : En tant que porte-parole, je suis chargé de préparer et diffuser les communiqués de presse de la Conférence des évêques du Togo. J’ai également pour mission de rendre publique toute information jugée nécessaire par les évêques à l’attention des fidèles mais aussi du peuple en général. Ces informations concernent la vie de l’Église mais aussi les questions sociopolitiques du pays et sont diffusées surtout par voie de presse, radio et télévision.
Qu’est-ce qui motive la conférence épiscopale à communiquer ?
P. G. W. : En général, les évêques communiquent sur un sujet pastoral ou sociopolitique. Mais, contrairement à ce que l’on pense, ils sont davantage préoccupés par les questions ecclésiales que sociopolitiques. En tant que pasteurs, leur premier rôle, c’est l’évangélisation : annoncer la Bonne Nouvelle du Christ. Et les messages les plus fréquents sont d’ordre pastoral. Cependant, ils interviennent aussi sur des questions sociopolitiques. C’est le cas de leur lettre pastorale « Soyons responsables dans la justice et la vérité » du 27 avril 2016.
Que communiquent-ils et par quels moyens ?
P. G. W. : À travers les moyens de communication sociale, les évêques éduquent et enseignent le peuple dans leurs diocèses respectifs. Ils se concertent aussi entre eux, puis donnent et reçoivent des conseils mutuellement. Ils interpellent ainsi à la vigilance, à la justice, au pardon, à la paix et à la justice sociale. Les évêques communiquent et enseignent par les homélies, les lettres pastorales, leurs conseils, mais aussi à travers les médias, catholiques ou non.
Et pourtant l’Église est souvent accusée de « silence coupable » par certains ?
P. G. W. : C’est à tort. Car, l’Église ne communique pas seulement par voie médiatique. Les évêques, collégialement ou individuellement, font appel à la communication interpersonnelle. En effet, des contacts personnels sont initiés à travers des audiences, rencontres, médiations et négociations diplomatiques qu’on ne peut pas rendre publiques, etc., en vue de la résolution des conflits sociaux et/ou politiques. Dans tous les cas, en tant que pasteurs, les évêques s’adressent à tous les fidèles, quelle que soit leur appartenance politique ; et leur rôle n’est pas de condamner une partie, mais de dire la vérité à chacun.
Quelles relations les évêques du Togo entretiennent-ils avec les médias ?
P. G. W. : La conférence des évêques a un intérêt particulier pour les médias. La preuve, c’est qu’il y a un évêque chargé des moyens de communication sociale au sein de cette conférence épiscopale, et chaque évêque manifeste cet intérêt aux médias dans son diocèse : radio, journaux, télévision, réseaux sociaux, etc. Aujourd’hui, la plupart des évêques utilisent Facebook, whatsapp où ils diffusent leurs communiqués et dialogue avec les peuples.
Quelles sont les perspectives d’avenir dans ce domaine ?
P. G. W. : Chaque évêque devra envisager la nomination d’un directeur de communication dans son diocèse. Actuellement, chaque diocèse dispose d’un responsable de la communication sociale qui joue un peu le rôle de directeur de communication. Mais il faudra envisager d’en avoir un qui joue pleinement ce rôle. Et selon les besoins des diocèses, ces directeurs de communication pourraient être déchargés de responsabilité paroissiale afin d’être consacrée totalement à la pastorale des médias.