Pour la pasteure Marie-Odile Wilson, la nomination de Nicolas Hulot comme ministre des Transitions écologiques et solidaires suscite l’espoir.
Ces derniers jours quelques grands titres de journaux divers m’ont attiré l’œil, me donnant l’envie de les relever pour vous, et de vous les livrer, en vrac : « Les électeurs suisses ont décidé par référendum, à 58 %, de tourner le dos au nucléaire. L’Algérie abandonne le gaz de schiste pour les énergies renouvelables. » Ou encore : « En tout, 27 institutions catholiques ont renoncé à investir dans le pétrole, le charbon et le gaz. » Et aussi : « Le Salvador met fin à l’extraction de métaux, il devient ainsi le premier pays au monde à interdire ce type de mines, très polluantes et gourmandes en eau… »
De telles informations sont pour moi comme des signes que, petit à petit, partout dans le monde, une prise de conscience de décideurs économiques, politiques, et même religieux peut les conduire à poser des actes concrets pour fonctionner autrement, même dans des pays peu compris comme ouverts à des préoccupations écologiques.
Chez nous, en France, le nouveau gouvernement a pris ses quartiers et, en son sein, Nicolas Hulot a été nommé ministre des Transitions écologiques et solidaires. D’aucuns prennent déjà les paris sur le temps pendant lequel ce ministre restera en poste. Même s’il est évident que rien ne sera facile, pourquoi ne pas s’autoriser à espérer ? N’avons-nous pas besoin parfois de donner chair à nos rêves pour déclencher en nous une impulsion vers l’action positive ?
Une idée comme une graine
Rêver, espérer, agir. Notre monde a donc tellement de mal à accorder du sérieux à l’optimisme ! Nous-mêmes chrétiens ne sommes-nous pas trop souvent tentés par le catastrophisme, le scepticisme ? En oubliant que ce qui nous porte, l’Évangile, est une bonne nouvelle qui elle-même a pu sembler profondément paradoxale, folle, insensée… et peut le paraître encore.
Il est vrai que les disciples eux-mêmes ont mis du temps avant d’arriver à admettre que la résurrection était possible, qu’elle était même effective, et à l’œuvre dans le monde, dans la personne du Christ. Et pourtant, le livre des Actes qui nous accompagne dans le temps de Pâques, et jusqu’à Pentecôte, dans nos listes de lectures dominicales, nous raconte l’incroyable histoire de quelques fous, portés par une irréductible foi et un irrépressible élan, et qui ont fait s’installer une vision du monde, de la foi, de Dieu, partout autour de la Méditerranée, en un temps record.
Il s’agissait d’une idée, portée, incarnée, mise en œuvre, par des hommes qu’elle avait transformés, envoyés, déplacés, au propre comme au figuré, et qui ont changé le monde.
Sommes-nous tellement revenus de ce magnifique élan que nous ne puissions plus croire en notre capacité de transformer notre société ? Sommes-nous tellement découragés que nous ne pouvons que nous laisser aller à poser un regard chargé d’une ironie désabusée sur notre monde ?
Si vous aviez un peu de foi, gros comme une graine de moutarde !, nous dit Jésus, vous diriez à vos députés : « Transformez notre société », et ils le feraient ! Mieux encore, si nous avions un peu de foi, gros comme une graine de moutarde, c’est nous-mêmes qui nous lèverions pour le transformer ce monde, pour pousser nos dirigeants, tant économiques que politiques, religieux à s’engager vers les voies qui mènent à la vie, à la justice, à la solidarité. Pas par la révolution ! Par l’exemple !
Nicolas Hulot est ministre des Transitions écologiques et solidaires… et si le lien ainsi marqué entre ces deux aspects signifiait un tournant dans la pensée qui indiquerait qu’enfin le lien indubitable entre justice, écologie et solidarité est pris en compte au niveau décisionnaire ?
Je suis sans doute naïve, j’ai peut-être tort, mais même si je ne crois pas à l’homme providentiel, quel qu’il soit, moi, je choisis d’espérer. Ce qui ne m’empêchera pas d’agir, à mon petit niveau, et même si ma graine est encore bien plus petite qu’une graine de moutarde, elle devrait quand même pouvoir porter un peu de fruit…