Dimanche lors d’un synode national, deux ans après l’adoption de la loi Taubira autorisant le mariage homosexuel civil, l’Église protestante unie de France (EPUdF) a pris une décision quasiment inédite dans le paysage religieux français : les pasteurs pourront désormais bénir, s’ils le souhaitent, les couples homosexuels mariés civilement.
A La Réunion, ce sont 16 pasteurs et aumôneries représentant diverses dénominations qui sont représentées au sein de la Fédération protestante de France (FPF). En outre, plusieurs autres églises évangéliques ou pentecôtistes se réclament du mouvement issu de la Réforme.
Dans un communiqué, Eric Han Kwan, président du pôle régional de la Fédération protestante de France, a réagi à cette récente annonce du synode national.
“Les églises protestantes ont toujours eu pour vocation d’accueillir toute personne qui souhaite poursuivre une démarche spirituelle et vivre une rencontre personnelle avec Dieu en Jésus-Christ”, commence-t-il. Avant de poursuivre : “Cela vaut pour quiconque homme ou femme, célibataire, marié, divorcé, homosexuel… sans discrimination a priori”.
Il ajoute ensuite que l’Eglise protestante unie de France (EPUF) n’a fait qu’aller dans le sens de la loi française reconnaissant le mariage homosexuel en “bénissant de telles unions”. Par ailleurs, le président du pôle régional précise que chaque pasteur “demeure libre en conscience de présider ou pas à la bénédiction d’un mariage homosexuel”. Rappelant également que la position de l’EPUF “n’est en aucun cas représentative du point de vue de la très grande majorité des églises composant la Fédération protestante de France” (FPF). Il argumente par ces chiffres : sur les 2000 pasteurs que compte la Fédération, seuls une cinquantaine de pasteurs de l’Eglise protestante unie était invitée à voter.
Eric Han Kwan tient d’ailleurs à préciser que “l’ensemble des églises faisant partie de la FPF à La Réunion est clairement opposée à la bénédiction de mariage de couple de même sexe”.
Des divergences d’opinion et de conviction qui selon lui sont comparables à celles existant dans les “grandes familles”, entre “frères et soeurs”. “Ce n’est pas pour autant qu’ils doivent ne plus s’aimer fraternellement et se rejeter les uns les autres”, termine-t-il.
En métropole également, cette décision avait suscité de nombreuses réactions. Adoptée à une très forte majorité par les luthériens et réformés, la possibilité de bénir des couples homosexuels est cependant loin de faire l’unanimité du monde protestant. Le Conseil des évangéliques y voit même une évolution “consternante”, et périlleuse pour les relations oecuméniques.
En France, la Fédération protestante compte plus d’une trentaine d’unions d’églises et plus de 80 associations : elles représentent environs 500 institutions, oeuvres et mouvements, 1400 églises membres, près de 2000 pasteurs (dont 200 femmes). Ce sont 800 000 protestants qui s’y rattachent, auxquels on ajoute 200 000 à 300 000 personnes qui se réclament du protestantisme.