Les ministres du futur, moins nombreux, seront plus spécialisés. Perspective
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Pasteur et diacre, des professions en mouvement.
Photo : Gérard Jaton
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Le diacre de demain ne sera pas tout à fait le diacre d’aujourd’hui. La session de mars du Synode, le parlement de l’Eglise réformée vaudoise, a esquissé le futur. Il a pris d’importantes décisions sur les métiers dont l’Eglise aura besoin dans un avenir proche. «Aujourd’hui, nous avons 199 pasteurs et 44 diacres. Mais les départs prévus à la retraite et les tendances de la relève montrent qu’en 2025, sur deux cents postes, seuls une centaine seront occupés par des pasteurs. Nous devrons prévoir de travailler avec moins de pasteurs et plus de diacres», explique Line Dépraz, conseillère synodale.
L’Eglise doit régulièrement réfléchir à ses ministères et se demander de quels professionnels elle a besoin pour exercer sa mission dans la société. Dans le canton de Vaud, la distinction entre pasteurs et diacres date des années 1970 mais n’est, de fait, plus appliquée depuis longtemps. En raison des besoins, la plupart des postes sont aujourd’hui occupés indifféremment par des pasteurs ou des diacres. En créant le diaconat, l’idée avait été de diversifier les ministères et de ne pas travailler seulement avec des théologiens. Cette impulsion demeure, mais doit être aujourd’hui affinée. «Plus une Eglise devient minoritaire, plus ses professionnels doivent avoir des compétences ciblées et reconnues, défend Line Dépraz. Il y a trente ans, le ministre était l’homme à tout faire de la paroisse et touchait à tout. Le système était adéquat à l’époque, mais nous devons aujourd’hui avoir des métiers particuliers, avec des compétences et des formations spécifiques. Notre crédibilité est en jeu.»
Chez les réformés, l’annonce de l’Evangile incombe à tout un chacun, ministres et laïcs. «Mais une part de la proclamation de la Parole et du travail herméneutique, soit l’interprétation des textes bibliques, devra être recentrée sur les pasteurs, annonce la conseillère. Concrètement, nous ne pourrons plus nous permettre d’avoir un pasteur dans un poste où faire des cultes n’est pas central. Les diacres seront spécialisés dans les domaines davantage liés à la didactique, comme le catéchisme, ou à l’accompagnement, comme les services de solidarité.» L’Eglise devra, pour chaque région, penser sa mission en équipe, avec un certain nombre de théologiens et de diacres spécialisés.
Pour une mobilité de l’emploi
«Certains métiers sont utiles à l’Eglise et doivent être développés. Notre défi sera de convaincre des gens hors Eglise à venir travailler chez nous, car il y aura des tâches passionnantes», poursuit Line Dépraz. Elle analyse qu’actuellement la mobilité de l’emploi est insuffisante et peut asphyxier le système. Cette mobilité implique qu’un diacre doit pouvoir venir du monde professionnel mais aussi choisir de ne pas finir sa carrière dans l’Eglise. «Une consécration pérenne sera donc difficile à envisager», explique la conseillère. Le parlement a décidé que seuls les pasteurs seront consacrés, tandis que les diacres auront un autre rite de reconnaissance de leur ministère.
Cette décision a déçu, voire fâché bon nombre de diacres. «Cela a créé une blessure sur le vif, déplore la diacre Natalie Henchoz. Beaucoup se disent découragés et non reconnus. Ils ont l’impression d’avoir joué les bouche-trous pour faire le même travail que les pasteurs. Et nous entendons aujourd’hui que notre consécration ne serait plus utile ni souhaitable.» Line Dépraz veut rassurer: «Un nouvel acte de reconnaissance est à définir, ce ne sera pas rien. Pour ce faire, nous allons soigner le dialogue et la réflexion avec les diacres. Il y a une peur légitime de perdre quelque chose, mais le travail réalisé et les consécrations reçues sont pleinement reconnus.» La conseillère prévoit que les futurs diacres entreront plus facilement dans cette nouvelle perspective. Dans tous les cas, les personnes démarrant leur formation cette année pourront rester sous l’ancien régime.
Dans l’immédiat, rien ne va changer pour les paroissiens. Le Synode de mars a dessiné les grandes lignes du futur, mais devra préciser ses choix l’an prochain sur la base d’un rapport final. Puis la période de transition durera plusieurs années. «A l’avenir, les paroissiens auront des référents clairs en fonction des activités auxquelles ils participeront», esquisse Line Dépraz.
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