A Lausanne (Suisse), des pasteurs proposent aux passants de …

L’initiative, on vous l’accorde, a des airs de poisson d’Avril,eh bien pas du tout ! C’est pour “retrouver le vrai sens de Pâques” que 2 pasteurs de Lausanne provoquent un peu les passants en leur fournissant planches et marteaux pour fabriquer leur cercueil..et réfléchir au sens de leur vie

  • Isabelle Guyader
  • Publié le 01/04/2013 | 13:02, mis à jour le 01/04/2013 | 13:37

© RTS Du bois de récupération en guise de cercueil

Pas sûr que l’idée aurait été adoptée sans sourciller à l’intérieur de nos frontières, mais chez nos voisins Suisses on ne s’étonne plus des initiatives à première vue un peu farfelues de ces 2 pasteurs de la Paroisse Saint-Laurent de Lausanne.

Ils n’en sont pas à leur première fois, ils ont déjà publié “Une vie mortuaire de Jésus” et cette année ils ont décidé de s’installer pendant tout le week-end pascal, dans la rue, avec planches de bois de récupération, marteaux, clous et autres outils.  Ils proposent à tous ceux qui passent de fabriquer, à moindre frais, le cercueil de leur dernier voyage.

En réalité, il s’agit là d’une invitation à une réflexion spirituelle et philosophique explique le Pasteur Jean Chollet ” A Pâques, on pense lapins, chocolat, primevères et vacances et on en oublie le vrai sens. On a voulu remettre le coeur du sujet dans l’espace public, la Vie, la Mort, la Resurrection , elles sont là les vraies questions

Et le Pasteur Daniel Fatzer lui emboîte le pas ” C’est devenu difficile d’évoquer la mort dans notre société qui n’a de cesse de l’évacuer. C’est un sujet qui dérange, il parait presque absurde à beaucoup de gens d’en parler”.

Sur les trottoirs de Lausanne en tout cas, le dialogue s’est ouvert. Les passants ont bien accueilli la présence des Pasteurs et même engagé la réflexion, bien au-delà de la menuiserie.

Alsace-Moselle : curés, pasteurs, rabbins … quand l’Etat paye

religion

Le 22 février 2013, le Conseil Constitutionnel rendra sa décision sur deux questions prioritaires déposées par l’Association pour la promotion et l’expansion de la laïcité qui estime que la rétribution par l’Etat des ministres du culte en Alsace-Moselle est incompatible avec la laïcité.

  • Par Hélène Messang
  • Publié le 20/02/2013 | 17:20, mis à jour le 21/02/2013 | 16:50
La loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 n’est pas applicable dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle qui restent régis par la loi du Concordat de 1801, signé entre Napoléon Bonaparte et le Pape Pie VII. Dans ces 3 départements  prêtres, pasteurs, rabbins… sont rétribués par l’Etat selon une grille indicielle comme n’importe quel fonctionnaire.
A titre indicatif, dans le reste du pays, la rémunération des prêtres financée par le denier du culte, quêtes, offrandes et donations varie de 800 à 1000 € /mois.

En 2006, dans son rapport, la Commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics précise : ” En Alsace-Moselle, comme ailleurs en France, l’État est neutre et indépendant des cultes, ce qui signifie qu’il n’a pas d’opinion religieuse et que les religions n’ont pas, de leur côté, d’emprise sur les pouvoirs publics.l’État est neutre et indépendant des cultes, ce qui signifie qu’il n’a pas d’opinion religieuse et que les religions n’ont pas, de leur côté, d’emprise sur les pouvoirs publics.” Cependant, L’APPEL, Association Pour la Promotion et l’Expansion de la Laïcité, estime que cette spécificité n’est pas compatible avec le principe de laïcité qui prévaut sur le reste du territoire français. D’après l’association, ses traitements représenteraient un budget annuel de 58 millions d’euros. 
Pour des raisons de techniques juridiques, seuls les protestants sont pour le moment visés par la requête de l’association mais le fond du problème est le même pour les 4 cultes (catholique, luthérien, réformé et israélite) reconnus par le droit local en Alsace-Moselle.
A noter que le culte musulman n’a pas à ce jour, le statut de culte reconnu et ce bien que le sujet soit régulièrement évoqué, comme en 2006 avec une proposition de loi de François Grosdidier, alors député de Moselle visant à intégrer le culte musulman dans le droit concordataire.   

Rémunération par l’Etat des prêtres, pasteurs et rabbins en Alsace …

La requête vise uniquement la religion protestante “pour des raisons de technique juridique”, mais “sur le fond, c’est la rémunération de tous les ministres du culte que nous voulons questionner”, a indiqué à l’AFP Jean-François Amedro, avocat et membre de l’Association pour la promotion et l’expansion de la laïcité (APPEL), à l’origine de cette procédure.

En Alsace-Moselle, les cultes sont organisés par le régime dit “concordataire”, datant de l’époque napoléonienne, qui a été supprimé dans le reste de la France par la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Cette loi n’a jamais été appliquée en Alsace et en Moselle car ces trois départements (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle) étaient allemands en
1905.

“Quel est l’intérêt général justifiant la rémunération d’un curé ou d’un pasteurpour diriger une messe ?”, a demandé lors de l’audience Me Amedro. La nécessaire neutralité de l’Etat en matière religieuse “exclut toute forme de soutien financier, qui s’analyse nécessairement comme une prise de position sur la valeur d’un culte”, a-t-il plaidé.
Evoquant un “résidu incongru de l’Histoire” qui “n’a que trop duré”, l’autre avocat des requérants, Me Benjamin Dewhurst, a observé que “le fonctionnement des cultes ne se porte pas plus mal sur le reste du territoire”, où les religieux doivent se passer de financements publics.

Au nom des instances religieuses catholiques et juives, Me Antoine Marcantoni a au contraire appelé les gardiens de la Constitution à une “conception ouverte de la laïcité”. En Alsace-Moselle, “l’Etat subventionne mais ne s’ingère pas dans les religions”, a-t-il fait valoir, arguant que le système
en vigueur n’était pas incompatible avec la neutralité publique.
“C’est une autre façon de penser la séparation, mais cela reste la séparation entre les cultes et les pouvoirs publics”, a ajouté l’avocat.
Le budget 2013 de l’Etat prévoit 58 millions d’euros pour rémunérer les quelque 1.400 ministres du culte (1.059 prêtres, 306 pasteurs et 28 rabbins) dans les trois départements concernés. Ce régime local des cultes fait l’objet d’un assez large consensus dans la région, où il est défendu par la droite comme par la gauche.

Dans un communiqué diffusé avant l’audience, l’APPEL souligne que ce système, même s’il ne concerne l’exercice du culte que dans trois départements, est financé par l’ensemble des contribuables français.
En conséquence, l’association “propose que les croyants d’Alsace Moselle assument la prise en charge du financement nécessaire à leurs propres cultes”.