François, pasteur évangéliste

Par son dynamisme et ses injonctions à la conversion, François a quelque chose du feu sacré des pasteurs évangéliques. Mais au-delà des saintes colères papales, les catholiques attendent une pédagogie sur l’art d’évangéliser.

Nous sommes au centième jour du pontificat. Comme chez d’autres commentateurs, experts et observateurs avisés, le bilan est de saison. Je choisis de le faire à travers une analogie entre le (plus si nouveau) pape et un pasteur évangéliste.

Evangéliste ou évangélique ? L’évangéliste est celui qui écrit un Evangile, et nous en connaissons quatre qui furent reconnus dans le canon des Ecritures. Mais, aussi, dans l’univers des Eglises évangéliques, l’évangéliste est un homme (plus rarement une femme) dont le charisme est d’annoncer Dieu, souvent sur le mode de la conversion et de l’interpellation prophétique.

François est éminemment évangélique. En vue d’une intervention, la semaine dernière, auprès des Amis de La Vie, à Nantes, j’ai relu nombre de discours, d’homélies officielles du pape, et aussi 63 résumés de ses homélies improvisées à Sainte Marthe. Travail instructif. Reviennent en boucle ses interpellations sur la pauvreté, la nécessité d’une conversion des coeurs. Sa présence tactile auprès des handicapés, des “petits”, sa disponibilité physique a conduit l’un de mes amis vaticanistes à le décrire ainsi : “Il est sans cesse en mode Jésus”. Le pape imite le Christ, et demande à ses frères pasteurs (évêques et prêtres) de prendre l’odeur de leur brebis plutôt que de s’enfermer dans leur bureau, ce qui les rend gestionnaires et pharisiens. C’est un pasteur, au sens étymologique du mot. Et qui est totalement évangélique.

François est aussi un vrai “évangéliste”. Particulièrement engagé sur le plan physique et relationnel (j’ai parlé d’un “hyperpape” dans un blog précédent), il me fait penser à ces prédicateurs qui ne tiennent pas en place. Sa vitalité fait plaisir à voir. Son mode d’intervention est celui de l’interpellation prophétique, comme ces prédicateurs évangéliques qui incitent sans cesse à la conversion. Dans l’immense majorité de ses interventions, François secoue le cocotier, tape du pied dans la fourmillière, dénonce les travers de ses ouailles, fustige les chrétiens “de salon”, dénoncent les paroissiens qui médisent, bavardent, et ceux qui ressemblent à des poivrons qui ont macéré dans du vinaigre, etc…. OK, vous avez raison, Saint Père, sur le fond des choses (voir mon blog sur le pape défibrillateur). Mais je sature… Par pitié ne tombez pas dans le catho-bashing. Le reste du monde passe déjà son temps à nous décrire comme réactionnaires, obscurantistes, homophobes… N’en jetez plus..!

Sans aucun doute, le pape a beaucoup appris de son expérience de jésuite et de pasteur en Amérique latine, où la montée en puissance des Eglises évangéliques n’a pu le laisser indifférent, dans la mesure où cette croissance s’est faite au détriment de l’influence catholique. Il a rencontré certains des ces évangélistes, et même noué des amitiés, comme il l’a déjà raconté. Son injonction mille fois répétées à aller vers “les périphéries existentielles” du monde est sans doute inspirée par son expérience argentine : une Eglise endormise sur ses lauriers et repliée sur son cadastre, face à la poussée de groupes extrêmement dynamiques dans l’annonce de la foi. D’où sa supplication : sortez, sortez, sortez ! On ne l’entendra jamais assez.

Mais mon expérience est que cette invitation pressante n’est pas suffisante. Les catholiques n’ont pas encore cet ADN du témoignage, et c’est à François, non seulement de nous engueuler, mais de nous aider à l’acquérir.

La culture kérygmatique (l’annonce transfrontières du message central de l’évangile) est encore embryonnaire, parce que les catholiques sont encore accaparés de façon obsessionnelle par leur culture catéchétique (la transmission transgénérationelle, des “vieux” vers les jeunes, qui ne marche d’ailleurs pas si bien que ça…). Le renouveau passera sans doute par une révolution copernicienne, lorsque les catholiques recevront leur foi – la catéchèse – dans le geste même de leur annonce dynamique à d’autres – l’évangélisation. Il n’y a en effet rien de tel qu’une petite séance d’évangélisation (notamment de rue, avec le tout-venant) pour comprendre à quel point nous connaissons mal notre Bible, le contenu de notre foi, et avoir envie de nous “coller” à ce labeur, d’autant plus urgent que nous avons pris conscience de nos limites. La croissance de l’Eglise se fera dans un aller et retour incessant entre annonce de la foi et approfondissement de la foi. En ce qui me concerne, j’attends du pape non seulement des électrochocs prophétiques mais aussi une méthode et une pédagogie pour accomplir cette révolution catholique. 

Aider et défendre les réfugiés : un devoir pour les catholiques

Le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et personnes en déplacement et le Conseil pontifical Cor Unum publient conjointement un document de 70 pages intitulé « Accueillir Jésus-Christ dans les réfugiés et les personnes déplacées de force ». Ce texte donne les orientations du Saint-Siège en faveur de l’accueil des réfugiés.

Le document exprime ainsi ses objectifs : « Par ce Document, nous espérons rendre tous les chrétiens, pasteurs et fidèles, conscients de leurs devoirs à l’égard des réfugiés et des autres personnes déracinées de force. Nous invitons chacun d’eux à être le bras de l’Eglise en prenant constamment soin des souffrances et des besoins, autant spirituels que matériels, de ces personnes ».

Il rappelle également un discours de Jean-Paul II aux participants à la réunion de la Commission catholique internationale pour les migrations, en 2001 : « Aujourd’hui, je désire vous inviter à prendre toujours davantage conscience de votre mission : voir le Christ dans chaque frère et sœur dans le besoin, proclamer et défendre la dignité de chaque migrant, de chaque personne déplacée et de chaque réfugié. De cette façon, l’assistance apportée ne sera pas considérée comme une aumône due à la bonté de votre âme, mais comme un acte de justice qui leur est dû ». Et les auteurs du rapport précisent que « telle est la vision qui guide l’Eglise en ce qu’elle fait en faveur des étrangers de notre époque, réfugiés, personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et toutes les personnes déracinées de force ».

Le document, s’il ne renouvelle pas le discours de l’Eglise catholique sur la question des migrants, des déplacés et des réfugiés, permet néanmoins de la replacer dans une optique pastorale.

« Offrir l’hospitalité naît de l’engagement d’être fidèle à Dieu, d’écouter sa voix dans les Saintes Ecritures et de le reconnaître dans les personnes qui sont autour de nous. Grâce à l’hospitalité, l’étranger est accueilli dans l’Eglise locale, qui doit être un lieu sûr où il/elle trouve du réconfort, qui le respecte, l’accepte et qui est amical avec lui/elle. Cet accueil comporte une écoute attentive et un partage réciproque des histoires de la vie. Il requiert un cœur ouvert, la volonté de rendre sa propre vie visible à l’autre, un partage généreux de temps et de ressources. Cela va du don de choses matérielles à l’offre de temps et d’amitié pour finalement donner le Christ, notre trésor, aux autres comme proposition humble et respectueuse. »

« Nous devons tous avoir le courage de ne pas détourner notre regard des réfugiés et des personnes déplacées de force, afin de permettre à leurs visages de pénétrer dans nos cœurs et les accueillir dans notre monde. », conclut le texte.

Dix raisons de ne pas ordonner des hommes pasteurs

On savait pourquoi il ne faudrait pas ordonner des femmes prêtres, selon certaines Eglises. Voici une liste d’arguments pour ne pas ordonner des … hommes. Elle suscite un joli buzz sur http://www.sojo.net, le site de l’organisation oecuménique Sojourners, qui rassemble des chrétiens politiquement progressistes.

Dans les arguments, on trouve essentiellement des critères physiques et culturels. La constitution physique des hommes les qualifie surtout pour des tâches comme « couper des arbres et affronter des lions ». Du coup, il serait « ‘non naturel’ pour eux d’effectuer des tâches ministérielles ». Les hommes seraient également trop émotionnels, comme le montre « leur attitude quand ils jouent au football ou au basket ». De même, la propension à la violence des hommes et leur rôle dans l’armée les disqualifie pour le métier de pasteur ou de prêtre. « Ils seraient de pauvres modèles et dangereusement instables s’ils devaient occuper des postes de responsabilité », comme l’affirme l’auteur.

Mais il y a également des arguments théologiques rédhibitoires. Le premier concerne l’ordre créationnel : « L’homme a été créé avant la femme et est donc manifestement un prototype. Les hommes représentent donc une expérience plutôt que le couronnement de la création. » L’autre se réfère à Jésus. « Le Nouveau Testament nous dit que Jésus a été trahi par un homme. Son manque de foi et sa punition nous rappellent la position subordonnée que tous les hommes devraient adopter. »

Comme on vient de le constater, cette liste caricaturale permettrait de comprendre l’absurdité de certaines raisons avancées par des Eglises à l’égard du ministre féminin. Sur sojo.net, elle est présentée par le pasteur protestant Eugene Cho, qui dirige l’Eglise innovante Quest à Seattle. Il  tient à la fois à dénoncer les ministères exclusivement masculins et toutes les inégalités sociales et économiques entre les hommes et les femmes. Historiquement, une première version de cette liste a été faite en 2005 par David M. Scholer, professeur de théologie protestante au Fuller Theological Seminary, une faculté plutôt conservatrice. Scholer, décédé en 2008, était, lui, un militant en faveur de l’ordination de femmes, un principe qui ne va pas toujours de soi, même dans les milieux protestants.
 

Le pape François représente-t-il un espoir pour l’oecuménisme ?

Le cardinal Bergoglio est connu pour ses qualités d’homme de dialogue. C’est en tout cas ce qu’affirme un nombre impressionnant de représentants d’Eglises orthodoxes et protestantes en Argentine. On ne compte plus les pasteurs qui n’ont pas de mots assez chaleureux à l’égard du nouveau pape. Et les commentaires les plus encourageants viennent sans doute des… évangéliques (au moins 10% des Argentins). Ce qui est une information en soi, car il règne parfois une franche incompréhension entre catholiques et évangéliques en Amérique latine, les uns et les autres se traitant régulièrement de « sectaires » et « idolâtres » et ceci dans un contexte de concurrence.

Ainsi Juan Pablo Bongarra, président de la Société biblique argentine. Il se souvient du cardinal Bergoglio participant récemment à une prière organisée par des Eglises charismatiques à Buenos Aires. « Il s’est agenouillé devant 6000 personnes, et les pasteurs protestants ont prié pour lui en imposant leurs mains », raconte-t-il à un journaliste de Christianity Today, mensuel américain. « Son élection a été une réponse à nos prières (…) Sa priorité est l’unité au niveau des gens », dit carrément Norberto Saracco, un des pasteurs évangéliques les plus écoutés en Argentine. A retenir aussi, le plaidoyer impressionnant pour le pape François du pasteur Luis Palau, né en Argentine et installé aux Etats-Unis, l’un des évangélistes les plus connus dans les Amériques. Dans cette interview, il explique que François impose le respect grâce à son style de vie chrétien, son respect pour les autres et le fait qu’il va vraiment à la rencontre des gens.

Côté anglican, même son de cloche. Pour Greg Venables, évêque anglican, le nouveau pape est « davantage un chrétien, centré sur le Christ et rempli par l’Esprit, que seulement un homme d’Eglise. Il croit à la Bible telle qu’elle est écrite (…). Il est toujours humble et sage… ». Selon Greg Venables, le cardinal Bergoglio lui aurait même dit que la création de l’ordinariat catholique pour les anciens anglicans « n’était pas nécessaire et que l’Eglise a besoin des anglicans » !

Un article dans l’hebdomadaire Réforme va dans le même sens, en insistant sur les espoirs de dialogue suscités par le nouveau pape. Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises espère qu’« il fera de l’unité de tous les chrétiens l’une de ses priorités ». Et Setri Nyomi, secrétaire général de l’Alliance réformée mondiale (ARM), espère qu’il fera accélérer le dialogue œcuménique : « Depuis le document Dominus Iesus de 2000, Rome a abandonné les engagements de Vatican II. J’espère que le pape François va relancer l’effort », dit-elle, sans que l’article précise ces propos.

Pour l’instant, les seuls bémols hautement prévisibles concernent les rapports entre certaines Eglises protestantes libérales – luthériennes notamment, et l’Eglise catholique sur des sujets de société. Elles ne vont pas être d’accord sur le mariage gay, par exemple, ni sur les « dangers de la sécularisation », selon l’expression du nouveau pape. Ce dernier s’est déjà illustré en Argentine comme un opposant au mariage gay et à la sécularisation. Et en cette matière, il aura des alliés chez les évangéliques et chez beaucoup d’anglicans, mais pas forcément chez les luthériens et les réformés, notamment en Occident.

En Alsace, la rémunération des pasteurs est-elle contraire à la laïcité?

C’était il y a deux mois. Le Conseil d’Etat avait été saisi par l’Association pour la promotion de la laïcité qui dénonçait le fait que des pasteurs protestants des trois départements de Moselle, Bas-Rhin et Haut-Rhin, soit rémunérés par l’Etat, ce qu’elle estimait contraire au principe de laïcité. Pourquoi protestants en particulier ? On ne l’a jamais su. Mais le fait est singulier, si l’on considère le fait que les cultes catholique et juif sont précisément dans la même situation que le culte protestant. Le culte musulman n’ayant pas, dans les départements concordataires, le statut de culte reconnu. En effet,  prêtres et rabbins, sont également financés par l’Etat. A l’époque, donc, ils avaient manifesté leur soutien à l’Union de l’Eglise réformée d’Alsace et de l’Eglise de la confession d’Augsbourg d’Alsace (UEPAL).

Le Conseil constitutionnel a donc tranché et donné tort à l’Association pour la promotion de la laïcité. La rémunération des pasteurs n’est donc pas contraire à la Constitution. Dans son avis, il rappelle que les dispositions de la loi du 9 décembre 1905 selon laquelle « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », n’ont pas été rendues applicables aux départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle dans la mesure où ils n’appartenaient plus à la France au moment où cette loi sur la laïcité à été promulguée. Ils continuent donc de relever de la loi du Concordat de 1801, ratifiée par le Pape Pie VII et Napoléon Bonaparte. L’avis du Conseil Constitutionnel rappelle également qu’en proclamant que la France est une « République. . . laïque», « la Constitution n’a pas pour autant entendu remettre en cause les dispositions législatives ou règlementaires particulières applicables dans plusieurs parties du territoire de la République lors de l’entrée en vigueur de la Constitution et relatives à l’organisation de certains cultes et, notamment, à la rémunération de ministres du culte. »

Mettre fin au Concordat est une idée récurrente chez les partisans d’une laïcité intégrale. C’est aussi un des sujets les plus tabous en Alsace-Lorraine où le Concordat fait partie de l’héritage historique et culturel. François Hollande avait ainsi suscité un tollé au Bourget en janvier 2012 en déclarant vouloir inscrire la loi de 1905 de séparation entre l’Eglise et l’Etat dans la Constitution. Gêné par l’ampleur de la polémique et l’inquiétude des responsables religieux, le candidat Hollande avait alors précisé qu’il n’avait jamais été question de revenir sur le Concordat. Quatre jours plus tard, il publiait d’ailleurs ses « 60 engagements », où il se proposait « d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution » en insérant, à l’article 1er, un deuxième alinéa ainsi rédigé : « La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Églises et de l’État, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle. »

La question divise. Les détracteurs pointent un coût trop élevé et une contradiction du principe de laïcité. Les partisans estiment qu’il favorise le bien-vivre ensemble. La Vie avait d’ailleurs organisé un débat sur le sujet à Strasbourg lors des Etats généraux du christianisme 2012 : « Le Concordat : atout ou problème sur la laïcité ? ». Au cours de cet échange animé par Olivia Elkaïm, le chercheur François Messner avait ainsi apporté un éclairage intéressant sur la question en l’abordant sous l’angle de l’institutionnalisation : « Le pluralisme religieux est institutionnalisé, ce qui permet de créer du lien social, dans le respect des droits fondamentaux ».

Le président de l’UEPAL Jean-François Collange n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, il a tenu à “exprimer son soulagement et remercier en particulier Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg et René Gutmann, le Grand Rabbin du Bas-Rhin, pour leur solidarité”, tous en précisant qu’il retrouverait au plus vite les responsables et conseillers juridiques” pour voir quels enseignements et quelles perspectives tirer de cette réponse”.

La rémunération des pasteurs d’Alsace Moselle sur la sellette

Laïcité

Le Conseil d’Etat a été saisi par une association pour la promotion de la laïcité qui dénonce la rémunération des pasteurs protestants d’Alsace et de Moselle. Le Conseil constitutionnel doit se prononcer d’ici deux mois sur le bien-fondé de la rémunération. 

© P DELISS/GODONG / PHOTONONSTOP

© P DELISS/GODONG / PHOTONONSTOP

Sous le titre “l’UEPAL attend avec sérénité la décision du Conseil Constitutionnel”, un communiqué des Eglises protestantes d’Alsace et de Moselle alerte, ce 16 janvier, sur l’attaque dont celles-ci sont victimes de la part d’une association laïciste, l’Association pour la promotion et l’expansion de la laïcité. Celle-ci a dénoncé, devant le Conseil d’Etat, la rémunération par l’Etat des pasteurs protestants des trois départements de Moselle, Bas-Rhin et Haut-Rhin. Le Conseil d’Etat a jugé que l’affaire était suffisamment “sérieuse” pour être traitée par le Conseil Constitutionnel, lequel doit statuer avant le 19 mars. Le communiqué s’interroge sur le fait que seuls les protestants sont visés. Les cultes catholique et juif, qui sont dans la même situation quant à la rémunération par l’Etat des prêtres et rabbins, ont affirmé leur solidarité avec l’UEPAL.

Texte intégral du communiqué :

“À travers le dépôt d’une Question Prioritaire de Constitutionalité (QPC), une association prétendant défendre la laïcité en France (APPEL – Association pour la promotion et l’expansion de la laïcité) s’en est pris récemment à la rémunération par l’État des pasteurs en Alsace et en Moselle. Selon elle, cette pratique serait contraire à la Constitution qui proclame dans son article premier la République comme « laïque ». Saisi, le Conseil d’État a jugé la question « sérieuse » et l’a transmise le 19 décembre dernier pour décision au Conseil constitutionnel lui-même. Celui-ci a jusqu’au 19 mars pour se prononcer et sa position a vocation à s’imposer. Les différentes parties concernées avaient, quant à elles, jusqu’au 9 janvier à midi pour déposer leurs observations. Ce qu’a donc fait l’UEPAL et ses 44 présidents de consistoires. Les cultes catholique et israélite des trois départements de l’Est, non directement « attaqués » – on ignore pourquoi les protestants sont seuls directement visés – mais profondément concernés, ont rédigé et transmis un mémoire commun de solidarité et de soutien. L’Institut de Droit Local s’est exprimé de son côté. L’issue de la procédure – qui pourrait avoir de graves conséquences sur le fonctionnement du protestantisme local et, au-delà sur le droit local en tant que tel – est attendue avec sérénité.”