Publié le lundi 08 avril 2013 à 01H00
À l’occasion des 50 ans de l’Église protestante maohi, son président Taarii Maraea était hier soir l’invité du journal télévisé de Polynésie 1ère. Il s’est prononcé sur la religion dans la politique et sur le mariage pour tous.
Selon Taarii Maraea, l’Église protestante maohi n’aurait pas perdu beaucoup de fidèles en 50 ans
Concernant l’indépendance du pays, le pasteur pense que c’est une issue normale pour tous les peuples
L’Église protestante reste opposée au mariage pour tous
Pour le pasteur Taarii Maraea, président de l’Église protestante maohi, invoquer Dieu lors d’une élection politique demande de la part du candidat beaucoup d’exigence, de respect, et de devoir moral.
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L’Église protestante maohi a-t-elle perdu des fidèles en 50 ans ?
“Je ne parlerais pas de la situation de cette façon. Disons qu’il y a de plus en plus une vague de sécularisation qui s’est installée ici. Mais il est vrai que l’émancipation des individus fait que quelques personnes ou familles ne se sentent plus forcément aujourd’hui obligées d’aller au culte ou dans les manifestations religieuses. Elles ne s’y retrouvent que lors des célébrations importantes telles que les baptêmes, les mariages et les décès.
Mais si je regarde la présence des fidèles pendant les cérémonies, non, je ne vois pas de grande désertion”.
Ce 50e anniversaire : l’Église protestante gérée par des Polynésiens, c’est tout un symbole ?
“C’est un événement très important pour l’époque car en 1963, c’était aussi une période très difficile pour le pays. On passait à ce moment d’une société traditionnelle à une société de consommation et on a un exode massif de la population des îles vers Papeete, et il fallait répondre à ces problèmes liés à l’économie tout de suite.”
Est-ce difficile aujourd’hui de susciter des vocations, de trouver de nouveaux pasteurs ?
“Au niveau de l’Église protestante maohi, nous ne rencontrons pas tout à fait ce genre de problème de vocation.
Si je regarde les dernières années de promotion, nous avons rentré des élèves pasteurs à l’école pastorale tous les deux ans.”
L’Église protestante a longtemps cru au destin d’indépendance du pays, est-ce toujours le cas ?
“Je pense que pour chaque chrétien et en tout cas pour les protestants, l’accès à l’indépendance de tout peuple est une issue normale”.
Les religions doivent-elles faire de la politique ?
“C’est davantage une préoccupation, un regard porté vers des situations très politiques…”
Ces élections se résument-elles selon vous à un duel entre les deux blocs historiques ?
“Je serais un devin si je devais répondre par l’affirmative, mais disons que la possibilité a été donnée à tout un chacun de se présenter à ces élections.
Laissons leur la possibilité de pouvoir s’exprimer et on verra par la suite si c’est vraiment une lutte entre les deux grands partis.”
La plupart des candidats en appellent souvent à Dieu, la religion dans la politique vous dérange-t-elle ?
“C’est quelque chose qui me dérange lorsque l’on met Dieu à toutes les sauces ! Je pense que Dieu a sa place et ce n’est pas interdit de l’invoquer. Mais cela demande à celui qui l’invoque beaucoup d’exigence, de respect, de devoir moral…”
Vous en doutez parfois ?
“Bien entendu que j’en doute beaucoup !”
Le mariage pour tous est actuellement débattu au Sénat. Officiellement l’Église protestante y est opposée mais certains pasteurs, notamment en Europe, se disent prêts à bénir des couples homosexuels. En tant que président de l’Église protestante maohi, qu’en pensez-vous ?
“Ce serait encore un avis très personnel car institutionnellement, nous n’avons pas encore débattu de la question. Je verrai cette question sous deux aspects : la question du droit et de la liberté de conscience, du choix des personnes…”
Vous parlez des pasteurs ?
“Non, des concernés, des couples. Et le deuxième aspect est plutôt au niveau de l’Église protestante qui officie sur les mariages. Jusqu’à maintenant, c’est une union homme et femme. Bénir un couple homosexuel, c’est autre chose.
Pour ne pas envenimer la situation et rester dans le respect du droit des personnes, il faut avancer sur ce terrain-là en tenant compte de ces deux aspects de la question.”
C’est votre troisième mandat consécutif à la tête de l’Église protestante, vous souhaitez poursuivre ?
“Cela ne dépend pas de moi ! Premièrement on n’est pas irremplaçable, deuxièmement, d’autres personnes sont là, prêtes à prendre la direction de l’Église, maintenant c’est à la communauté de choisir”.
Propos recueillis par Polynésie 1ère